Le 12 juillet 2025 nous avons appris l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO de l’ensemble composé des mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan. Après treize années de préparation et de travail, cette inscription est une reconnaissance de la valeur universelle exceptionnelle de ce patrimoine.
Or, comment accepter qu’un parc éolien puisse être implanté à proximité de ce site appartenant désormais au Patrimoine Mondial ? En effet ce parc se situerait à 19 km de Belle-Île, 29 km de l’île de Groix et 33 km de Quiberon. Une quarantaine d’éoliennes flottantes, de 300 mètres de hauteur chacune, seraient ainsi implantées sur une surface totale de 100 à 150 km². Rappelons que le classement UNESCO englobe 550 monuments mégalithiques répartis sur un territoire de plus de 1000 km² qui s’étend de la Baie de Quiberon au Golfe du Morbihan. Juste en face ! Et, à Port Coton, dont les aiguilles ont été immortalisées par Monet, le soleil ne se couchera plus sur la mer, mais sur un horizon bardé d’éoliennes.

Dans l’Étude paysagère et patrimoniale du Parc éolien Bretagne sud, la DGEC notait qu’« En retrait du littoral, les vues à distance sur l’Atlantique sont très rares. Celle offerte par le sommet du tumulus de la chapelle Saint-Michel, à Carnac, est d’autant plus précieuse… En matière de patrimoine protégé, deux sites mégalithiques ont des vues sur la Zone d’implantation du Parc Bretagne sud : le Tumulus de la chapelle Saint-Michel à Carnac, qui est également un belvédère sur Carnac et le paysage maritime ; le cairn de Petit Mont ».

Et si les éoliennes ne suffisaient pas, le passage de trois câbles de 250 000 volts sous un champ de menhirs, également proposé au classement, nous inquiète fortement. Et il y a de quoi puisque les travaux comportent un forage horizontal « dirigé » effectué sous haute pression en utilisant des fluides de forages injectés pour ameublir le sol. À quelle profondeur ? Les menhirs, dont certains parfois s’effondrent, y résisteront-ils ?
Le comble est que RTE ne semble pas très serein quant à la trajectoire d’atterrage. Parmi les risques mentionnés dans son document Enjeux environnementaux du raccordement électrique est mentionné : « le risque de découverte archéologique est possible. Le Service régional de l’archéologie est rencontré en amont du projet et peut prescrire une fouille archéologique préventive avant le lancement du chantier ». Compte-tenu en effet de la richesse archéologique de la zone, y compris sous l’eau, ce serait une bonne idée ; nous espérons que les diagnostics ne seront pas bâclés.
Notre association Préserver l’Identité Environnementale de la Bretagne sud et des Îles contre l’Eolien en Mer (PIEBÎEM) demande que RTE reconsidère ce choix d’atterrage au profit de la première solution envisagée, de moindre impact, celle d’un passage le long de la voie ferrée Auray Quiberon (le "tire-bouchon").
Qu’il s’agisse de la covisibilité de sites mégalithiques prestigieux - spécifiquement inclus dans la demande de classement - ou du passage du raccordement à travers le champ mégalithique d’Erdeven, le patrimoine historique et culturel pèse bien peu face au développement de l’éolien en mer. Il s’agit d’une forme de profanation tranquille et assumée d’un lieu d’histoire et de mémoire sans équivalent faisant partie de l’identité de la Bretagne. C’est notre patrimoine commun.
Il n’y a aucune justification à cela, et surtout pas des projets éoliens qui impactent négativement les paysages littoraux, notre patrimoine commun et la biodiversité.
S’il faut choisir entre les éoliennes et les mégalithes, PIEBÎEM choisit les mégalithes !
Eric Sartori pour l’association PIEBÎEM (Préserver l’Identité Environnementale de la Bretagne sud et des Îles contre l’Eolien en Mer)
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