Abbaye de Coatmalouen : les efforts des bénévoles bientôt ruinés par un parc éolien ?

La façade ouest de l’abbaye de Coatmalouen

Le site de l’abbaye de Coatmalouen, la vallée du Dourdu adjacente et les paysages vallonnés du bocage de l’Argoat, situés dans les communes de Saint-Connan, Saint-Gilles-Pligeaux et Kerpert sont menacés par l’installation prochaine du parc éolien de Coat-ar-Bellegues.

Ce projet de parc éolien représente une menace très forte pour le site historique de l’abbaye de Coatmalouen et son environnement avoisinant. Ce projet inclut six éoliennes géantes de 3,6 MW et 185 m de hauteur totale chacune. Le site de l’abbaye est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 28 avril 1964 et restauré depuis 2000. Il sera situé à 1.000 m de l’éolienne (E1) et 1.455 m de l’éolienne E2.

Cette machine E1 sera implantée sur une sommité du bocage à 50 m à l’est de l’ancienne voie romaine (route reliant Tréguier à Vannes) et encore "en service" au moment de la création de l’abbaye et depuis « déclassée du réseau de circulation » du fait d’un nouveau tracé moins rectiligne. Cette voie romaine va devoir servir lors de la construction d’E1 et donc être remaniée, renforcée et élargie lors de l’acheminement de cette machine et de sa station de livraison. Dans ce contexte historique nous avons de bonnes raisons de suspecter qu’il puisse y avoir des artefacts archéologiques qui pourraient être exhumés lors de l’excavation pour la dalle d’E1 ou pour le réaménagement de cette portion de voie romaine.

L’abbaye et E1 sont situées de part et d’autre du Dourdu, premier affluent du Trieux, qui se rejoignent à l’Étang-Neuf, établi par les moines de l’abbaye au XIIIe siècle. Cette vallée du Dourdu est riche en zones humides et offre aux touristes une vue circulaire en direction de l’Abbaye qui emprunte des chemins creux traditionnels du bocage breton constitués de deux talus plantés de haies et de taillis.

Vue aérienne de l’abbaye de Coatmalouen

Toute cette région est constituée d’un important maillage de chemins creux et d’allées agricoles qui fait le bonheur des randonneurs à pied ou à cheval avec de nombreuses vues panoramiques en crête ou en sous-bois ombragés le long des ruisseaux.

Les chemins creux du bocage font le régal des porcs Blanc de l’Ouest.

Le site de l’abbaye a fait l’objet d’un vaste programme de restauration et de sauvegarde de ses vestiges, par l’association Les amis de l’abbaye de Koad-Malouen instituée dans ce but en 1993, et grâce à un soutien technique, administratif, méthodologique (DRAC et ABF) et financier public important (500k€ par mairie, com-com, département, région, Europe et Fondation du Patrimoine) et privé (donateurs et bénévoles).

Le bourg de Saint-Connan, son étang et le bocage aux alentours sont quant à eux menacés par le surplomb de quatre éoliennes géantes (E3 à E6), de même hauteur et de même puissance.

Les étangs de Saint-Connan

L’enquête publique d’octobre 2023 avait résulté en un avis défavorable pour les deux éoliennes E1 et E2 du fait de la forte proximité du site historique. Le préfet des Côtes d’Armor en a décidé autrement et a délivré son autorisation administrative par son arrêté du 02/05/2024 pour les six machines.

Après des demandes de recours gracieux toutes déboutées, un collectif de riverains des éoliennes, les propriétaires du site historique de l’abbaye et l’association des bénévoles en charge de son animation, les amis de l’abbaye de Koad-Malouen, rejoints par l’association Demeure Historique et l’association Sites & Monuments ont déposé une requête contentieuse auprès de la Cour d’Appel administrative de Nantes le 2 septembre pour contester l’autorisation du préfet.

Nous espérons être rejoints par d’autres riverains opposés à ce projet ainsi que par d’autres associations de défense de l’environnement, de la santé, du patrimoine historique et du patrimoine vivant, pour défendre ce cadre de vie unique de l’Argoat et son attrait dans le cadre d’une écologie durable et responsable.

Un « fond dédié » de collecte est mis en place, hébergé sur le site internet de Sites & Monuments, pour supporter les frais de procédures et techniques relatifs à cette action au long cours.

Marc Penicaud

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