Dans son édition de décembre 2021, Chatou Mag’ (p. 22 à 25), bulletin municipal de la ville de Chatou (Yvelines), a fait publiquement part de l’acquisition par cette collectivité locale, le 9 novembre 2021, du Nymphée de Soufflot élevé sur le territoire de cette commune.
Cette annonce, sous forme de dossier, est assortie d’une courte interview de M. Pierre Arrivetz, adjoint au maire de Chatou, chargé de la mémoire combattante, du patrimoine historique et de l’histoire.
Voulu par le dernier seigneur de Chatou, le ministre d’État et membre du Conseil d’État de Louis XV Henri Léonard Bertin (1720-1792), le Nymphée de Chatou fut édifié entre 1774 et 1777 sous l’égide de l’architecte Jacques Germain Soufflot (1713-1780), assisté de son collaborateur Jean Rondelet (1743-1829) [1].
Plus connue et plus « médiatique », due aux mêmes talents, l’église Sainte Geneviève de Paris, devenue le Panthéon.
Il s’agit d’une « grotte dédiée à une nymphe autour de deux éléments audacieux : une longue voûte en forme de coquille adossée à un talus et un décor avec des incrustations de minéraux, de pierres meulières, de coquillages, de scories et de résidus de fonderie que le ministre Bertin avait à sa disposition. Cette conception originale, supportée par 18 colonnes disposées en demi-cercle, donne un éclat particulier au Nymphée de Chatou », aux termes de ce dossier.
Classé monument historique le 4 juin 1952, déclaré en péril par les services de l’Etat en 2002, puis de nouveau en 2015, cet ensemble appelle maintenant une restauration d’ensemble, qui sera délicate, mais permettra de préserver « une œuvre de première importance pour le rayonnement du patrimoine français », selon le propos de M. Arrivetz.
À ces fins, par délibération du 26 juin 2009, la commune de Chatou avait voté la création d’une fondation abritée par l’Institut de France, dite Fondation de sauvegarde du patrimoine catovien. La première restauration concernera le Nymphée ; la façade de l’Hôtel de Ville, la maison Fournaise et la maison Levanneur pourraient également en bénéficier.
La commune de Chatou abrite encore quelques vestiges de monuments fameux en leur temps. L’auteur de ces lignes ne pourra que rappeler ici les deux pavillons de garde de l’ancienne Faisanderie élevée par François Joseph Bélanger (1744-1818) pour le comte d’Artois, futur Charles X [2] ; ces bâtiments, dont les façades et les toitures sont inscrites au titre des monuments historiques (arrêté du 29 juillet 1977) mériteraient des soins, quand bien même ils sont de nos jours en mains privées.
Laurent Condamy, adhérent de Sites & Monuments