Des sondages sur la perception des éoliennes par les Français ont été mis en avant dès 2018 par le lobby éolien. Il convenait, par conséquent, de répondre sur le même terrain. L’association Nature et Paysages en Sud Morvan (NPSM), soutenue dans sa démarche par Sites & Monuments, a eu le grand mérite d’ouvrir cette voie. Le résultat - du moins concernant la région Bourgogne-Franche-Comté - est totalement opposé à celui mis en avant par les industriels du vent...
JL
Nature et Paysages en Sud Morvan (NPSM), comme son nom l’indique, a pour but de préserver les paysages et la nature en Sud Morvan. Mais ceux-ci sont menacés par des projets éoliens (voir l’article) menés par des grands groupes industriels et financiers comme Total ou Mulliez (Auchan, Décathlon etc.).
NPSM, comme d’autres associations locales, a constaté que les habitants sont opposés aux éoliennes, ce qui est en contradiction avec ce que proclame le lobby éolien. Exemple : « Les trois quart (76%) des Français ont une perception positive des parcs éoliens » (France Energie Eolienne) (voir ici et ici) ; « 82 % des Français sont en faveur de l’éolien comme source d’énergie » (Barbara Pompili, voir ici).
Ainsi, en association avec le CRECEP et Sauvegarde Sud Morvan, Nature et Paysages en Sud-Morvan a commandé, avec l’appui financier de Sites & Monuments, un sondage auprès d’OpinionWay sur l’avis des habitants de Bourgogne-Franche-Comté. Il a été réalisé sur un échantillon de 1250 personnes, âgées de 18 ans et plus, représentatif de la population régionale.
Ce sondage révèle une opinion générale défavorable, voire très défavorable, aux projets éoliens en Bourgogne-Franche-Comté (voir ici).
Les deux principaux sujets de préoccupation des habitants sont l’impact des projets éoliens sur la valeur du patrimoine immobilier à proximité des éoliennes, qui est jugé négatif par 66 % des sondés (et par 76 % des sondés appartenant à des communes rurales : + 10 points) ; et l’impact sur les paysages qui est, lui, jugé négatif par 64 % des sondés (et par 73 % des ruraux : + 9 points).
Le décalage entre l’ensemble des sondés et ceux des communes rurales - ayant une vision plus concrète des éoliennes que les urbains - est du même ordre concernant l’impact négatif sur la qualité de vie (59 % des sondés porté à 66 % chez les ruraux : + 7 points) ; l’entente entre les habitants (52 % porté à 61% chez les ruraux : + 9 points) ; l’attrait touristique (59 % porté à 66 % chez les ruraux : + 7 points) et l’attractivité des territoires (51 % porté à 59 % chez ces mêmes ruraux : + 9 points).
En Bourgogne-Franche-Comté, les résultats sont donc diamétralement opposés à ceux mis en avant par France Energie Eolienne sur la base d’un sondage Harris Interactive : "Les résultats sont sans appels : 3 Français sur 4 (73%) ont « une bonne image » à l’éolien. Ce chiffre grimpe même de 7 points (80%) auprès des Français vivant à proximité d’une éolienne !" (voir ici).
Il est intéressant de constater que cette inquiétude est largement partagée par les électeurs d’Europe Ecologie les Verts, que l’on aurait pu penser favorables sans nuance à l’implantation des éoliennes. En effet, si 64 % du total des sondés considèrent que les projets éoliens ont un impact négatif sur les paysages, ce chiffre monte à 67 % chez les électeurs d’EELV. Seuls les électeurs du PCF et de La France Insoumise paraissent moins sensibles à ces questions, avec tout de même 56 % d’entre eux identifiant un impact négatif pour les paysages.
Il est significatif que 94 % des sondés souhaitent une distance minimale des habitations de 1000 m ou plus, soit au moins deux fois plus que celle imposée par la réglementation (500 m), malgré une puissance et une hauteur croissantes des aérogénérateurs.
Enfin, les Bourguignons-Franc-Comtois expriment une profonde inquiétude sur les projets éoliens qui coupent des couloirs de migration d’espèces protégées comme les cigognes ou les milans royaux et sont favorables à 70 % à la suspension immédiate de tels projets. Or, les parcs éoliens menaçant le sud Morvan se situent sur l’un des plus importants couloirs de migration du milan royal. Les associations en demandent par conséquent la suspension.
Benoît Michon, trésorier de Nature et Paysages en Sud Morvan, association adhérente de Sites & Monuments
Julien Lacaze, président de Sites & Monuments
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