Actu.fr du 1er juillet 2024 : "Montpellier - premier procès pénal après la mort d’un aigle royal dans le parc éolien de Lunas"

Première ce mercredi 3 juillet au tribunal correctionnel de Montpellier : la société ENR du Groupe Valeco sera jugée après la mort intentionnelle d’un aigle royal à Lunas.

Actu.fr Occitanie-Montpellier du 1er juillet 2024

 

Les éoliennes dans le massif de Bernagues, près de Lunas. © Collectif Energies

C’est un procès rarissime qui va se dérouler ce mercredi 3 juillet 2024 après-midi, au tribunal correctionnel de Montpellier : la société ERL -Énergie renouvelable du Languedoc- du Groupe Valeco sera jugée pour la destruction intentionnelle du mâle de l’unique couple d’aigles royaux du massif de l’Escandorgue, au lieu-dit Bernagues, sur les hauteurs de Lunas, près de Lodève.

Ce magnifique rapace a été retrouvé mort sous une des éoliennes de la centrale d’aérogénérateurs il a un an et cinq associations environnementales ont attaqué Valeco au pénal. Le procureur de la République de Montpellier a reçu les plaintes en janvier 2023 de France Nature Environnement Occitanie-Méditerranée -FNE-, la Ligue pour la Protection des Oiseaux – Occitanie -LPO-, l’association nationale « Sites et Monuments », l’association « Vigilance Patrimoine Paysager et Naturel » -VPPN- du Collectif 34 et de l’Association pour la Protection des Paysages et des Ressources du Lodévois et l’Escandorgue », l’Apprel.

Selon les parties civiles, l’association Becot du groupe de surveillance et d’étude des rapaces du Massif Central installé à Saint-Gervais-sur-Mare, responsable du programme de baguage et de suivi des aigles royaux et faisait le suivi du couple ayant élu domicile dans l’Escandorgue depuis 2014, « avait mis en garde la société́ ERL du Groupe Valeco et les services de l’Etat de l’ineptie de construire des éoliennes au cœur du domaine vital du rapace, sur le site éolien de Bernagues, sur les crêtes du massif de l’Escandorgue, et avait prouvé́ la perte de son habitat après les constructions en 2016 ».

Une balise GPS

L’aigle royal décédé était doté d’une balise GPS, dont les données analysées par l’association Becot, ont prouvé́ que l’aigle était bien mort le 10 janvier 2023, très exactement à 17h10 au pied de l’éolienne n°2 de la centrale de Bernagues.

Ce collectif d’associations qui, avec « Sites et Monuments » a déjà fait condamner par la cour d’appel de Nîmes, le 9 décembre 2023, ERN de Valeco à démolir ces sept éoliennes dans les quinze mois sous astreinte de 3 000€ par jour attend l’arrêt de la Cour de cassation, saisie par la société.

Selon Marjolaine Villey-Migraine, porte-parole du collectif « depuis l’implantation du parc et de la centrale éoliens dans l’Escandorgue, « le bureau d’études de la société́ elle-même, a évalué́ la mortalité́ à une moyenne de cent oiseaux et d’une cinquantaine de chiroptères en une seule année : 33 oiseaux et 44 chiroptères ont été́ tuées par les éoliennes de Bernagues, à Lunas depuis 2017 ».

Elle révèle que, « l’aigle royal, oiseau emblématique de deux mètres d’envergure et classé « à enjeu fort » en Occitanie figure sur la liste rouge des espèces menacées de Union Internationale pour la conservation de la nature -UICN- et en Occitanie, où il a un statut d’« espèce vulnérable ». Elle rappelle qu’un vautour moine, une espèce en voie d’extinction, a également trouvé la mort au pied des éoliennes de Bernagues.

C’est une récidive aggravante après la mort d’un vautour moine sur le même site éolien, espèce en voie d’extinction en plus des nombreuses autres espèces protégées. Après l’arrêt de la cour d’appel de Nîmes et en attente de celui de la Cour de cassation, le Collectif a demandé au tribunal administratif de Montpellier l’arrêt complet et définitif des éoliennes et le refus de l’autorisation par la Dreal du redémarrage des sept machines comme le réclame la société́ Energie Renouvelable du Languedoc.

Un aigle royal dont l’envergure peut atteindre deux mètres © Pixabay

239 éoliennes exploitées

Fondée en 1995, Valeco, dont le siège est installé dans le Parc 2.000, quartier de Pierrevives, à Montpellier s’inscrit dans le paysage énergétique français à une période où les prises de conscience environnementales augmentent fortement. Forte de son esprit novateur, l’entreprise développe alors son savoir-faire et son expérience au sein même de ce contexte de transition. « Grâce à l’intégration de Valeco au groupe allemand EnBW, très présent en Europe, l’entreprise bénéfice de son expertise, afin de renforcer ses opérations dans le domaine des énergies renouvelables, secteur stratégique clé pour l’entreprise. Elle s’inscrit alors dans un avenir vert, durable, avec des perspectives de croissance non négligeables sur l’un des principaux marchés des énergies renouvelables en Europe », plaide ce Groupe.

Valeco, ce sont 845 MW en exploitation à la fin 2023 avec près de 270 salariés répartis sur 12 agences et sites en France. À ce jour, il exploite 239 éoliennes et 42 centrales solaires.

Jean-Marc Aubert pour Actu.fr Montpellier

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