Les nombreux défenseurs de cette architecture novatrice et d’excellence, commandée aux architectes Olivier Vaudou et Reymond Luthi en 1970, seront finalement peut être entendus. Aujourd’hui, après des démolitions entreprises nuitamment (voir ici), seul subsiste cependant le bâtiment des bassins, élément fort d’un ensemble qui comprenait, il y a peu, un bâtiment d’accueil-vestiaires, une galerie vitrée et une maison du gardien. Les démolitions étaient intervenues alors que le recours en annulation du permis de construire, déposé par Sites & Monuments au tribunal administratif d’Amiens le 31 mai 2019, n’a toujours pas été jugé.
Le 9 juin 2020, le maire Sébastien Eugène a reçu le gérant de la société BBFD, propriétaire du site depuis décembre 2019, ainsi que les représentants des associations Sites & Monuments, Domisiladoré, Docomomo et Globe 21 et la Direction régionale des affaires culturelles des Hauts-de-France (DRAC), représentée par l’Architecte des bâtiments de France de l’Aisne.
Les participants s’étaient auparavant retrouvés de façon informelle sur le chantier de démolition. C’était la première fois que le nouveau propriétaire entrait dans le bâtiment des bassins et semblait percevoir son intérêt architectural. Les éléments majeurs à conserver ont alors été soulignés : la structure métallique avec sa mezzanine faisant contrepoids, les baies vitrées des trois côtés ainsi que des éléments de second œuvre comme les escaliers, les céramiques et les plongeoirs.
Une étude sera menée sur la création d’ouvertures dans le seul mur existant en brique, côté avenue. Actuellement muni de deux simples portes pleines, il devrait devenir la façade principale des commerces. La question du maintien des bassins reste ouverte. Le promoteur souhaitant les combler, la pose préalable d’une membrane permettrait d’en préserver les céramiques. La solution la plus intéressante reste cependant d’établir un plancher au niveau des anciens plongeoirs afin d’en utiliser également le volume. Mais il y a urgence, avant toute chose, à protéger les lieux afin qu’intrusions et pillages cessent.
La réunion a donc porté ses fruits, chaque partie souhaitant que la piscine garde son esprit et revive enfin, de façon pérenne, pourvue d’un nouvel usage. Un protocole est en cours de rédaction entre le propriétaire, l’Architecte des bâtiments de France représentant le ministère de la Culture et le maire, qui signera un nouveau permis de construire. Sites & Monuments pourrait, dans ces conditions, naturellement retirer son recours.
À suivre de près…
Anne de Cherisey, déléguée régionale Hauts-de-France
Rémi Turc, architecte & président de Domisiladoré