Une grosse menace pèse depuis un certain temps sur les espaces verts qui font la richesse et la fierté de cette commune résidentielle jouxtant la ville de Metz. Nombre d’hôtels particuliers, de maisons de maîtres, voire de petits châteaux en émaillent le tissu, et en font presque une cité-jardin. Car des parcs grandioses sont à la clé du bâti. Parmi ceux-ci, le « parc Jung » constitue un point focal, un magnifique écrin de verdure. Très récemment, le dernier film où joue Daniel Auteuil, « un silence », a eu pour cadre cet espace incontournable : les producteurs savent choisir et apprécier leurs lieux de tournage et leur décor !
La maison de maître, bâtie par le seigneur de Verny dans les années 1730, passée aux Vauborel, puis aux Lardemelle et enfin aux Bazelaire, fut acquise en 1900 par un architecte d’origine allemande, Christian Heister. Durant cette longue période, le parc, clos de murs, fut largement amélioré, des espèces rares furent plantées, un étang fut creusé et une chapelle édifiée. Le gendre de Christian Heister et son petit-fils François Jung, historien et propriétaire d’une partie des lieux jusqu’à son décès, valorisèrent encore un espace paradisiaque, où je me souviens avoir joué de nombreux après-midis avec mes cousins.
Après des mutations, le parc et la maison sont devenus propriété du groupe « habiter », ne cachant pas des intentions spéculatives : arracher au moins 40% des arbres majestueux (presque 80 en tout), transformer la plupart des parcelles arborées en zones d’habitats, et saccager une excroissance bucolique et rurale en milieu urbain. Comme le maire, dans cette affaire, a eu une attitude pour le moins ambigüe, une association de défense s’est créée, des tracts et des affiches ont été édités, et une pétition a recueilli 35.000 signatures. Ce parc est une réserve faunistique considérable, et ceux qui devraient être au créneau pour réagir, ne font que se draper dans leur silence, voire faire le grand écart entre tout et son contraire. Toutes les administrations devraient lutter contre cette tempête et stopper ces menaces, d’autant que le parc Jung n’est pas le seul à être visé.
Les Sœurs de l’ancien hôpital Sainte-Blandine se sont repliées dans un domaine, non loin du parc dont venons de parler, et qui peut être considéré comme leur maison-mère. Là aussi un parc arboré sans cesse grignoté par des reventes, là aussi des projets de lotissements ravageurs, et qui semblent ne faire que commencer, là aussi un début de prise de conscience par des habitants de plus en plus inquiets : le Ban Saint-Martin perd son âme et ses espaces verts, il faut réagir !
Collectif Auprès de mon arbre
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Voir le reportage de France 3
Jean-François Michel, délégué Sites & Monuments du Grand Est