L’ancien site de la caserne militaire Gudin de Montargis (voir ici) et sa place d’armes représentent un patrimoine architectural militaire de grand intérêt architectural. Construite en 1877, elle a su conserver jusqu’à nos jours son organisation originelle avec ses trois bâtiments autour de la place d’armes, le bâtiment de l’horloge servant de fond de scène, sa clôture, le portail et les deux pavillons d’entrée, refermant l’ensemble sur la rue. Les bâtiments désaffectés depuis 2009 ont subi quelques dommages mais ont conservé toutes leurs qualités architecturales puisqu’ils ont subi assez peu de modifications au cours du XXe siècle. La caserne possède en outre une place d’armes remarquable, dont le bâtiment central est promis à la démolition pour faire place à une résidence senior, comme l’expose le permis de construire de Nexity (voir ici).
Le recours gracieux (voir ici) de l’association Engagement Citoyen pour le Montargois (ECM) contre le permis de construire et de démolir du bâtiment de l’horloge (déposé par Nexity), a été envoyé le 14 décembre 2020 et a été rejeté le 16 décembre 2020 par le maire de Montargis.
L’avis de l’architecte des bâtiments de France, disponible dans le dossier du permis de construire, résume notre pensée : Si l’emprise foncière de l’ensemble immobilier offre un important potentiel de revitalisation du centre urbain de Montargis, il convient tout de même de préserver les trois bâtiments emblématiques organisés autour de la place d’armes plantée de platanes, ainsi que les deux pavillons d’entrée, la clôture et son portail. Voir ici
Ainsi, la démolition du bâtiment de l’horloge semble inappropriée. Une opération de restructuration et de restauration de l’ensemble doit être envisagée en priorité.
D’autres documents reconnaissent l’intérêt patrimonial de la caserne Gudin notamment :
– le projet de ZPPAUP réalisé en octobre 2009, qui qualifie l’ensemble des bâtiments de la place d’armes de “bâtiments d’un grand intérêt architectural” ; Voir ici
- Une étude de 2015, réalisée par l’agglomération, qui recommande de conserver :
- les bâtiments afin de qualifier la place d’armes et pour préserver l’identité du site ;
- les pièces construites du bâtiment de l’horloge à haute valeur patrimoniale ;
- les 3 cabinets d’architecte qui ont travaillé sur l’avenir de la caserne en y intégrant la résidence service senior en 2019 Cahier des clauses techniques
Le montage du dossier fait lui-même l’objet d’un déni de démocratie
La caserne Gudin a été cédée par l’Etat à l’Agglomération Montargoise Et rives du Loing (AME) pour une somme de 750 000 euros en novembre 2018.
Son président a présenté le 23 mai 2019 le projet de transaction avec Nexity, en garantissant aux élus communautaires la conservation de la façade du bâtiment de l’Horloge (voir la vidéo). Or, le compromis de vente signé le 3 juin 2019 avec Nexity… ne garantissait plus cette préservation, sans que ce document soit rendu public par l’AME.
Face à la réponse négative du maire de Montargis, il reste deux mois pour engager un recours contentieux. L’Association Engagement Citoyen pour le Montargois (ECM), déclarée en préfecture en 2014, se charge du recours en s’appuyant sur un collectif actif d’habitants (#Sauvons Gudin).
Les dépenses (engagées par le Collectif et supportées par ECM) seront rendues publiques et les éventuels remboursements de frais de justice seront reversés aux donateurs.
Intérêt Architectural du lieu
Les premiers bâtiments ont été construits à partir de 1877. Ce sont les bâtiments les plus emblématiques de ce que représente une caserne militaire, organisés autour de la place d’armes, place monumentale et de représentation conçue sur un plan carré de 100 m de côté environ.
Les trois bâtiments majeurs sont distribués autour la place, mais sans liaison entre eux. Ils forment un U inversé tournés vers la rue où se trouve l’entrée et ses petits bâtiments. Ils sont de hauteur identique (4 étages) et d’épaisseur identique (environ 16 m), et sont couverts par une toiture unique de faible pente en croupe. Les bâtiments en face à face, ont la même longueur (environ 75 m). Celui qui se situe dans l’axe de l’entrée a une longueur légèrement supérieure de 81 m, en raison pavillon contenant l’horloge (d’où son nom : bâtiment de l’horloge). La forme de la place est renforcée par des alignements d’arbres devant chacun des trois bâtiments principaux, participant ainsi à son caractère ordonné. Les façades sont unitaires. La trame de répartition des baies est régulière (de l’ordre de 3, 5 m) horizontalement. Les trois premiers étages sont de hauteur identique, alors que le dernier a une hauteur inférieure. Ils sont séparés par un bandeau.
Une corniche ouvragée comportant des modillons couronne la périphérie des bâtiments. Les façades sont rythmées verticalement, des pilastres en briques marquant les circulations verticales. D’une manière générale, la modénature des façades est riche. Les entourages des baies (tableaux et voussures) sont finement ouvragés en briques. Toutes les baies sont courbes en partie supérieure. Elles comportent des fenêtres à petits carreaux.
Cet ensemble monumental, unique à Montargis, est d’un intérêt architectural certain et mérite une analyse détaillée pour en évaluer la réhabilitation avant de le vouer purement et simplement à la démolition.
Les bâtiments restent marqués par leur usage militaire mais ils sont capables d’accueillir d’autres usages. Leur architecture n’est pas figée pour toujours. Les exemples de réhabilitation de casernes ne manquent pas en France.
Il est possible de soutenir l’association Engagement Citoyen pour le Montargois dans son action contre le permis de construire et de démolir le bâtiment de l’horloge (contribuer ici).
Alphonse Proffit, président d’Engagement Citoyen pour le Montargois