Voter l’alignement du PLU de Paris sur le projet « Site Tour Eiffel » est anti-écologique, anti-promeneurs, antipatrimonial : un comble pour une ville aux ambitions bioclimatiques !
La mairie de Paris a annoncé fallacieusement une augmentation de 40 % de surface végétalisée et diffusé à l’envi une communication mirifique. Cependant, il n’est question, selon ses propres documents, que de plus 1,7 ha, en réalité probablement moins de 1 ha, c’est-à-dire très peu dans un site de 50 ha.
Or plus d’un tiers de l’espace (35 %) sera fermé au public ou occupé, encore davantage qu’aujourd’hui. Comment d’ailleurs prétendre rétablir l’unité du site sans rendre aux parisiens les charmants jardins anglo-chinois privatisés bien au-delà du nécessaire par la Société d’exploitation de la tour Eiffel (SETE) ? L’espace est ainsi toujours scindé en deux par un mur vitré empêchant la progression des promeneurs.
Les fonctions événementielles, d’exploitation touristique et de marchandisation seront clairement privilégiées à l’issue des travaux. C’est ce que montre le choix d’une « pelouse technique » rétrécie et surélevée afin d’organiser des évènements récurrents. Est-ce pourtant la fonction d’un jardin public, qui plus est classé au titre des sites ? Comment y admettre cette "mise en bac" de la pelouse, la construction de quatre bâtiments en béton ou d’une vingtaine d’édicules ? Doit-on affecter le plateau Joffre, la place de Varsovie et, bientôt, celle du Trocadéro à une noria événementielle ? Faut-il abattre tant d’arbres adultes, environ 80, notamment ceux autour de la tour Eiffel plantés en 1878 et accueillant une riche avifaune ?
L’un des attraits du Champ-de-Mars est qu’il soit accessible 24 h sur 24. Plutôt que recourir à des grilles et à des horaires, le concepteur des lieux, le grand architecte Camille Formigé, a intelligemment sécurisé cet espace ouvert par des rues traversantes au trafic modéré. En outre, chacun comprendra qu’une occlusion verte, allant du Trocadéro à la place de Fontenoy, isolerait les arrondissements extérieurs et générerait d’importantes nuisances de reports de trafic. Insécurité à l’intérieur, bouchons à l’extérieur, tel serait le résultat tristement prévisible.
Le patrimoine est le grand oublié. L’agence Gustafson, chargée du réaménagement, a peu et mal étudié l’historique de cet espace. Or ce site est un haut lieu patrimonial et abrite un ensemble exceptionnel de la Belle Époque, probablement le plus beau et le plus cohérent de Paris. Même la restauration des bancs et vases Médicis n’est pas traitée. L’entretien régulier de ce patrimoine végétal et minéral - véritable enjeu à Paris - serait d’ailleurs grevé par les dépenses pharaoniques projetées.
Comment ne pas voir que les Parisiens aspirent à profiter de leurs jardins, qui sont autant d’espaces de respiration et de détente dans une ville particulièrement dense ? De tout Paris, ils viennent au Champ-de-Mars et dans les jardins du Trocadéro. Ils aimeraient avant tout que leur municipalité mette fin aux dégradations et aux conflits d’usages. Une enquête publique a eu lieu récemment. La participation a été massive et l’opposition générale. La mairie peut-elle rester sourde aux inquiétudes des Parisiens ? Faut-il vraiment dépenser 110 millions d’euros pour un bilan de 1 ha de végétalisation supplémentaire, alors que de nouveaux jardins pourraient être intégrés au patrimoine communal pour des sommes bien inférieures (dont la ferme urbaine du monastère de la Visitation ou le jardin du couvent Reille, menacés à court terme) ?
Mesdames et Messieurs les Conseillers, nous vous demandons de voter contre ce projet au Conseil de Paris du 8 février et donc contre la mise en conformité du PLU.
Tribune signée par :
- Amis du Champ de Mars,
- FNE Paris,
- SOS Paris,
- Sites & Monuments - SPPEF,
- Passy-Seine,
- XVIe demain,
- Association des Riverains de la Tour Eiffel et du Trocadéro,
- Plateforme des associations parisiennes d’habitants,
- Comité d’aménagement du 7e.