La forêt de Mormal, plus grand massif forestier du département du Nord, est vaste de 9163 hectares. Il s’agit d’une forêt domaniale gérée par l’Office national des forêts (ONF) sous la tutelle du ministère de l’agriculture. Ce massif constitue, pour le Nord de la France, un élément particulièrement important du réseau Natura 2000 et de la Trame verte régionale.
L’association Mormal Forêt Agir, luttant pour la protection du massif, a demandé à l’ONF l’annulation de la vente du bois d’une parcelle "test", la parcelle 807, représentative de la situation de la forêt et située en zone de sensibilité paysagère dite "modérée". L’association demande, en conséquence, la modification du martelage des arbres qu’elle contient.
Le 26 mars 2017, une nouvelle action a été organisée : les arbres devant être abattus sur la parcelle ont été symboliquement ceinturés d’une rubalise rouge et blanche, dispositif évidemment réversible.
Cette parcelle test montre, une nouvelle fois, comme nous allons le montrer, que l’ONF surexploite la forêt de Mormal, compromettant ainsi sa biodiversité et son attrait paysager.
La production attendue en 2016 sur la parcelle par le Plan d’aménagement forestier de la forêt de Mormal pour 2014/2033 est en effet de 64 mètres cubes par hectare (voir son chapitre 2.5.2, p. 63 reproduit ci-dessous), soit 827.52 mètres cubes au total. Ce chiffre, bien que précis, "est donné à titre indicatif, d’après les résultats quantitatifs des descriptions ». Une erreur, à la marge, est ainsi possible et compréhensible.
Cependant, suivant la Fiche de vente (reproduite ci-dessous) et le marquage des arbres, l’ONF prévoit de vendre 1 492 mètres cubes de bois sur cette même parcelle, vaste de 12.93 hectares. Le volume de coupe est donc de 115.39 mètres cubes par hectare, chiffre correspondant à l’abattage de 362 chênes, 76 hêtres, 6 merisiers…
Le calcul du dépassement réalisé par rapport au Plan d’aménagement est donc de 80.29 %, soit presque du simple au double, et, en tous les cas, très loin de la marge d’erreur intégrée par le Plan !
La surexploitation de cette parcelle correspondrait en définitive précisément à 145 chênes, 30 hêtres et 3 merisiers, soit 597 mètres cubes de bois qui seront spoliés à la forêt de Mormal.
L’excès est ainsi évident et ne pourra qu’entraver durablement la régénération de cette zone de la fôret. Ainsi, on peut estimer que la parcelle mettra plus de 31 ans à se régénérer à l’identique.
Malgré ce constat, une autre coupe est prévue sur la parcelle 807 durant les 19 ans de la période de gestion du plan d’aménagement 2014-2033. Ainsi, en 2026, l’ONF prévoit de passer en coupe "d’amélioration", soit un prélèvement supplémentaire de 59 mètres cubes par hectare, représentant 762.87 nouveaux mètres cubes de bois. Finalement, dans 10 ans, la régénération naturelle ne devrait pas dépasser 459 mètres cubes.
D’après nos vérifications, la parcelle 807 ne subit pas un traitement particulier, la majorité de celles composant la forêt étant surexploitées.
Avec des dépassements de prélèvements aussi significatifs, il est finalement impossible de considérer que la forêt de Mormal fait l’objet d’une gestion pérenne.
Le Plan d’aménagement forestier de la forêt de Mormal pour 2014/2033 affirme pourtant le "rôle multifonctionnel de la forêt » et sa volonté de protéger la "biodiversité forestière ordinaire et remarquable (engagement n°77 du Grenelle de l’environnement) », tandis que, sur son site Internet, l’ONF explique "Assurer la gestion durable des forêts publiques », "Agir pour augmenter la ’valeur biodiversité’ des forêts » et "Agir au service des populations pour offrir une forêt accueillante ».
Dont acte !
Mormal Forêt Agir, soutenue par Sites & Monuments, a assigné l’ONF en référé s’agissant d’un certain nombre de parcelles. L’audience se déroulera, le 12 juin 2017, devant le président du Tribunal de grande instance d’Avesnes-sur-Helpe.
Benoît Tomsen, Président de l’association « Mormal Forêt Agir »