Au XXe siècle : À Craponne-sur-Arzon (Haute-Loire) comme dans de nombreuses communes, le patrimoine bâti a subi des atteintes, avant une période de délaissement du centre historique.
À partir des années 1980 : des restaurations ont été entreprises, ainsi que la réfection de quelques rues et places et de nouvelles inscriptions ISMH. Le projet de Maison du patrimoine a été lancé sur une idée de Jacques Barrot, président du Conseil général.
Depuis les années 2010 : la mairie a repris les concepts d’urbanisme des années 1960 et entend « revitaliser » le centre par des démolitions – constructions, sans tenir compte des études qu’elle a elle-même commandées.
Sites & Monuments et la Société d’histoire se mobilisent pour obtenir une large concertation, la restauration des édifices patrimoniaux et des diagnostics archéologiques dans les zones en travaux. Plusieurs articles en ligne ont été publiés.
Depuis 2010, huit édifices des XVIe, XVIIe ou XVIIIe siècles ont été détruits et d’autres sont menacés à court terme.
À chaque fois, des crédits de l’État ou d’agences nationales sont sollicités en contradiction avec leurs objectifs initiaux, pour financer des destructions-reconstructions coûteuses et dramatiques pour le patrimoine et l’environnement.
Destruction de l’hôtel Gomot
Après plusieurs études sur la restauration du quartier, un projet d’habitat partagé a été lancé, puis subitement dénaturé en 2022 en prévoyant des démolitions massives dont celle de l’hôtel Gomot, plus bel édifice de la place, emblématique de la bourgeoisie commerçante.
Toutes nos démarches sont restées vaines : tentatives de dialogue, recours amiable resté sans réponse, recours contre le permis de démolir toujours en instance. La suspension n’ayant pu être obtenue, les maisons ont été détruites en juin-juillet 2024. Ces travaux ont confirmé au passage tout leur intérêt patrimonial ainsi que le bon état du gros œuvre, contrairement aux descriptions caricaturales qui ont été faites.
Même les menuiseries Louis XV et Art Déco ont été détruites.
Seules les pierres d’encadrement des ouvertures ont été conservées en vue d’un réemploi, tout en étant malmenées.
Destruction de la maison Chouvelon-Pitavy
Cet édifice (étude de notaire au début du XXe siècle) était connu comme reconstruit au XVIIIe siècle et modifié au XIXe.
Les travaux de démolition ont révélé à l’arrière des murs nettement plus anciens, sur lesquels s’était appuyée la construction de l’hôtel Gomot.
Hélas, la redécouverte fut brève, ces murs étant inclus dans le permis de « démolition totale » des deux maisons.
Une fois encore, on cherche vainement « l’infestation de mérule » et les « effondrements » de plancher ou de toiture… Cette coupe montre une charpente parfaitement saine, des cloisons internes sans fissure et des planchers sans le moindre fléchissement.
Place aux Fruits
Au cœur du centre historique, lieux du passage de Mandrin en 1754
Fin 2023, le Conseil municipal a demandé des subventions à l’État pour démolir l’îlot central, comme « requalification d’îlot » et en contradiction avec le guide diffusé par l’État sur le sujet, qui préconise : "adapter le patrimoine aux usages d’aujourd’hui, sans le dénaturer".
Le compte rendu inclut un petit plan dessiné à la main, qui montre aussi un risque de démolition de l’hôtel Aurier d’Ollias voisin. Cet édifice acquis par la mairie a été privé d’une partie de ses tuiles et de ses fenêtres, sans explication.
Inquiétudes pour l’hôtel Vinols d’Ineyres (XVIe-XVIIe)
Cet édifice (ISMH) n’est pas entretenu par son propriétaire qui réside à l’étranger.
Craignant des chutes de tuiles, la mairie avait supprimé un débord de toiture sur la façade latérale gauche, ce qui a provoqué des chutes de pierres de l’ancienne cheminée fin 2022. Un débord a été heureusement rétabli mais avec une largeur trop réduite pour assurer une véritable protection du haut des murs côté ouest, le plus exposé aux intempéries.
« Outre sa façade monumentale d’époque Louis XIV, le bâtiment possède de remarquables décors intérieurs : parquets Versailles, boiseries, papiers peints Zuber du XIXe siècle »
Société d’histoire de la région de Craponne-sur-Arzon
- Appliquer enfin les études réalisées sur le centre ancien : priorité à la réfection et à la végétalisation de la voie publique, reconquête par la réhabilitation du bâti et l’aménagement d’équipements et de logements.
- La mise en œuvre intégrale des principes des programmes de l’Etat et du PLU, notamment sur les volets patrimonial et environnemental : Petites Villes de Demain, Guide de la reconquête des îlots, SCOT du Pays du Velay, PADD…
- Une large concertation entre l’Etat, les collectivités locales, les associations et les habitants intéressés par l’avenir du centre historique, en commençant par des visites approfondies avec des architectes spécialisés
- Des diagnostics archéologiques sur toutes les zones en travaux en raison du caractère sensible du centre ancien, traversé par plusieurs grandes voies antiques et médiévales et fortifié au XVe siècle
- L’implantation dans des édifices patrimoniaux d’équipements structurants contribuant au rayonnement de Craponne bien au-delà des limites départementales, comme la Maison du patrimoine et de la dentelle
- Une intégration renforcée de Craponne dans des réseaux permettant de développer et faire connaître ses atouts, et aussi de faire rayonner la Haute-Loire conformément à sa tradition de ville-carrefour : Parc naturel régional Livradois-Forez, candidature aux Petites cités de caractère et aux Sites patrimoniaux remarquables…