En février 2017, Sites & Monuments demandait la DRAC d’Ile-de-France de protéger d’urgence au titre des monuments historiques (voir ici) un pavillon construit par Ange-Jacques Gabriel en 1756 pour Louis XV dans la forêt domaniale de Fausses Reposes (Hauts-de-Seine). Celui-ci était en effet menacé dans ses abords par une promotion immobilière sur un terrain cédé par France Domaine en lisière de forêt (voir ici), mais aussi de vente imminente à la demande de l’ONF, selon une pratique systématique de cession des dépendances bâties des forêts publiques, sans aucune protection préalable,le statut de "domaine national" étant même a priori exclu pour eux, malgré nos protestations (voir ici)...
La demande de protection était examinée le 8 décembre 2017 par la Commission régionale du patrimoine et de l’architecture (CRPA) d’Ile-de-France, dont le procès-verbal nous a été adressé le 13 mars 2018...
La délégation permanente de la Commission, tout en reconnaissant l’intérêt du bâtiment, y compris après ses transformations réalisées du début du XIXe siècle (création d’un entresol), période d’ailleurs intéressante de la vie du pavillon (voir ici), décida qu’« il serait utile d’avoir une vue d’ensemble des pavillons [subsistants] pour savoir lesquels protéger et restaurer ».
Malgré l’insistance de certains membres de la Commission, soulignant le contexte particulier de la demande de protection, il fut décidé d’ajourner son étude :
Or la revue Versalia (n°21) publiait, ce même mois de décembre 2017, un article intitulé "Dans le sillage des chasses royales Dix pavillons pour le roi" répondant à l’ensemble des interrogations de la Commission.
Cette étude établit notamment que le pavillon de Fausses Reposes (1756) a servi de modèle aux pavillons de Pont-Colbert (1778), d’Ursine (1780) et des Alluets (1781), aujourd’hui disparus. Matrice d’autres édifices, il est d’autant plus précieux, malgré sa simplicité architecturale. Il s’agit en outre du seul pavillon royal conservé à ne pas être protégé au titre des monuments historiques. En effet, sur la douzaine de relais de chasse construits au cours du XVIIIe siècle pour la Couronne, seuls cinq autres subsistent (pavillons du Butard, de la Croix de Noailles, de Saclay, de La Muette et de Marcoussis), dus à Gabriel et tous classés au titre des monuments historiques entre 1912 et 1968.
Sites & Monuments a transmis cette étude à la Direction régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France, en insistant à nouveau sur l’urgence de la protection...
Julien Lacaze, vice-président de Sites & Monuments
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