A la frontière de 2 départements, sur 2 des plus petites communes du Var (Ollières et Artigues comptant moins de 1000 habitants chacune), mais visibles par des centaines de milliers d’habitants et des millions de touristes… un monstrueux projet éolien, le premier dans le Var, se prépare secrètement depuis 14 ans.
Une menace sur montagne Sainte-Victoire, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO
Le promoteur éolien Provencialis, prenant la suite d’Ecodelta, prévoit d’exploiter dans moins d’un an maximum une usine de 22 éoliennes de 125 m de haut à la limite territoriale des deux départements (Var et Bouches-du-Rhône). Elles seraient en co-visiblité directe avec la majestueuse montagne Sainte-Victoire, située à seulement 6 km à l’ouest, car situées sur une ligne de crête. En effet, les collines sur lesquelles sont prévues les machines forment un ensemble de sommets qui prolongent à l’Est la montagne Sainte-Victoire. Ces crêtes sont encore plus visibles dans la vallée de l’Arc, plaine située au Sud, au pied de la Sainte-Victoire. Il s’agit en outre d’un bassin démographique et d’un lieu de circulation (RN7 et l’A7) extrêmement fréquentés, notamment en période estivale.
L’implantation d’éoliennes de 125 m de haut sur ce site, à une altitude totale de 700 m, soit 300 m de moins que le Pic-des Mouches, le sommet de la Sainte-Victoire, induirait en effet une co-visibilité à plus de 20 km et sur près de 360°.
Ainsi, la beauté unique de ce paysage majestueux, élevée au rang de symbole par Paul Cézanne, est aujourd’hui gravement menacée.
Une réserve de biodiversité pour la flore et la faune atteinte
La région est en outre un réservoir de biodiversité identifié dans le Schéma Régional de Cohérence Ecologique PACA comme un corridor écologique entre les massifs de la Sainte-Victoire et de la Sainte-Baume. Des chênes verts, espèces aromatiques, garrigues et pelouses méditerranéennes s’étendent ici sur des dizaines de kilomètres. On y recense notamment un millier d’espèces végétales différentes.
Dans cette zone sauvage de forêt et de collines, en partie classée zone Natura 2000, l’implantation d’une usine éolienne entraînerait la destruction de l’habitat d’espèces protégées (criquet hérisson, aigle de Bonelli, chiroptère Grand Rhinolophe…) et de nombreux spécimens. Une dizaine d’espèces de chiroptères, plus de 50 espèces d’insectes et une certaine d’espèces d’oiseaux qui seraient touchées.
La mutilation du cadre de vie de dizaines de milliers d’habitants
La montagne Sainte-Victoire est extrêmement fréquentée du fait de son site exceptionnel : promeneurs, randonneurs, amateurs d’art sur les traces de Cézanne et sportifs de haut niveau (varape, parapente…) portent à plus de 750.000 le nombre annuel de visiteurs.
Par ailleurs, le bassin démographique concerné par la co-visibilité, donc par l’enlaidissement du cadre de vie et la baisse de la valeur foncière des biens immobiliers, est proche d’une centaine de milliers de personnes (résidant entre la vallée de l’Arc, à l’ouest, et la plaine de Saint-Maximin, à l’est).
Des bâtiments remarquables également touchés
Sur l’autre versant, à 12 km au sud-est, se dresse le monument historique de la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, troisième tombeau de la Chrétienté, plus grand édifice gothique du Sud-Est, haut-lieu de culture et de pèlerinage.
La ligne d’éoliennes du village d’Ollières serait d’autant plus visible qu’elles seraient implantées sur la ligne de collines qui constitue aujourd’hui la ligne d’horizon de la basilique en arrivant de Marseille ou de la montagne de la Sainte-Baume (axe nord-sud).
Le portail carolingien de l’église d’Ollières, également protégé au titre des monuments historiques, est situé quant à lui à moins de 10 kilomètres des machines. Des domaines viticoles pâtiraient également du voisinage de ce parc industriel.
Le danger du feu accru
Ennemi public n° 1, le feu en Provence est bien évidemment arrêté et limité par le travail héroïque des pompiers et de la Sécurité civile. Or l’implantation d’éoliennes rend impossible le passage de canadairs dans les zones en feu. Ainsi, en 1989, un terrible incendie ravagea 50% du site naturel de la Sainte-Victoire tandis qu’en juillet 2017, un autre feu, maîtrisé au bout d’une semaine complète, détruisit 1704 ha à Artigues, sur la commune-même prévue pour l’implantation d’éoliennes... Le danger est donc réel. Envisager de construire des usines éoliennes dans de telles zones relève d’un projet criminel à l’encontre des habitants et de la flore.
Une aberration du point de vue des énergies renouvellables
En Provence, la principale énergie renouvelable est l’énergie solaire. L’exploitation de parc de panneaux photovoltaiques a déjà commencé sur la commune d’Ollières et se révèle satisfaisante. En revanche, la construction d’une usine éoliennes est d’autant plus contestable que le Mistral y domine, vent souvent trop fort pour que les éoliennes fonctionnent convenablement. Elles seraient alors artificiellement arrêtées pour ne pas être endommagées par les pointes à plus de 70-80 km/h du vent.
Le travail de la justice
Ce projet, souterrain depuis 14 ans (2005), est retardé par 9 procès intentés par les associations locales et leurs adhérents, signe manifeste de son absence d’acceptation sociale. Des procès d’intérêt général tant l’énergie éolienne - appartenant déjà au passé - a d’inconvénients.
La presse a fait son travail d’information à l’automne dernier, mais les personnes concernées et le grand public restent totalement ignorants du projet qui avance pourtant à grands pas.
Ainsi, le préfet du Var, après avoir signé en septembre 2017 l’autorisation de défrichement pour le début de la construction des éoliennes, vient de signer, le 11 septembre 2018, des arrêtés autorisant l’exploitation du parc éolien et prolongeant les permis de construire devenus caducs en raison des recours en justice. Ces arrêtés ont naturellement été attaqués devant le Tribunal Administratif de Toulon afin que la Sainte-Victoire conserve sa beauté.
Charles Rouy, président de Défense du Cadre de Vie Sainte-Victoire, Plaine d’Ollières, Sources d’Argens (DECAVI), association adhérente de Sites & Monuments