Depuis près de 50 ans, l’Association APPARAT (Association pour la Préservation du Patrimoine Aéronautique et la Restauration d’Avions Typiques), reconnue d’intérêt général (voir ici), préserve l’aérodrome de la Montagne Noire (Haute-Garonne), haut lieux du vol silencieux créé en 1932 et inscrit à l’inventaire des monuments historiques depuis le 8 janvier 2009 (voir ici). Patrimoines matériels (pistes, bâtiments, collections) et immatériels (pratique du vol à voile notamment) sont ici indissociables.
Consulter l’arrêté d’inscription au titre des monuments historiques
Juché sur les hauteurs du lac de Saint-Ferréol, sur le flanc du versant ouest du massif de la Montagne Noire, à cheval sur les communes de Labécède-Lauragais (Aude) et de Vaudreuille (Haute-Garonne), cet aérodrome est un véritable balcon dominant la plaine. Il possède des pistes asphaltées et des pistes enherbées, longeant les principaux bâtiments du site, ces dernières, les plus anciennes de l’aérodrome, sont aujourd’hui menacées.
Un parc photovoltaïque doit en effet être implanté en lieu et place de ces pistes, dont les 32 hectares sont inscrits au titre des monuments historiques (cadastre de Vaudreuille, section ZO, parcelle n°6 - aujourd’hui n°11 et 12). Cette pelouse est utilisée depuis 1932 pour les départs (au sandow et au treuil) des planeurs anciens mais aussi par les modélistes qui seront expulsés si ce projet est réalisé.
La majeure partie de nos grands pilotes ont vécu ici leurs premières expériences (Grangette, Turcat, Jacqueline Auriol, Hanna Reitch...) et cette épopée constitue une part importante de notre patrimoine national que l’APPARAT s’emploie à conserver et à mettre en valeur dans l’un des hangars Mistral, protégé au titre des monuments historiques et situé à moins de cinquante mètres du futur parc photovoltaïque.
L’aérodrome offre une vue extraordinaire sur la chaîne des Pyrénées ainsi que sur toute la plaine du Lauragais. L’installation de ce parc photovoltaïque, entouré de barrières de deux mètres de hauteur, ne permettra plus cette promenade prisée par de nombreux touristes. Et il faut également prendre en compte l’installation d’une ligne à haute tension d’environ neuf kilomètres qui traversera le sol de la Rigole de la Plaine, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.
L’APPARAT s’est opposée à ce projet qui défigurerait et dénaturerait à jamais ce terrain d’aviation exceptionnel, l’unique aérodrome français protégé au titre des monuments historiques, et détruirait cette vie aéronautique pour laquelle, depuis 1932, nos aînés ont œuvré et qui perdure encore aujourd’hui.
Par ailleurs, l’avis de la Mission Régionale d’Autorité Départementale d’Occitanie (MRAE) en date du 28 janvier 2020, met en évidence l’impact de ce projet sur l’environnement par un avis très réservé : "D’un point de vue paysager et patrimoine bâti, les aires d’étude éloignée et proche présentent des sensibilités importantes notamment pour du patrimoine protégé. La caractérisation des impacts bruts est insuffisante et ne permet pas d’évaluer la pertinence des mesures d’évitement, de réduction et de compensation proposées. Enfin, l’étude paysagère ne traite pas des incidences du projet sur la valeur universelle exceptionnelle du bien UNESCO du canal du Midi (rigole de la plaine). »
Avis de la MRAE du 28 janvier 2020
Nous avons besoin de votre soutien et vous invitons à participer à l’enquête publique ouverte jusqu’au 21 juillet 2020 afin de recueillir observations et propositions (lien en bas de page).
Un peu d’histoire
C’est en 1932 que le vol à voile s’est établi sur ce qui était à l’époque une simple prairie caillouteuse. De par sa situation géographique, le terrain est déjà atypique : au sommet d’une montagne, avec des pistes épousant les formes du relief. En découvrant les pistes de ce qui est plus un champ d’aviation qu’un aérodrome, on ne retrouve aucun repère habituel définissant un terrain d’aviation.
Atypique également par son passé de Centre National de Vol à Voile depuis 1941 et auréolé de nombreux records et d’innombrables anecdotes, ce centre fut autrefois un aérodrome de renommée internationale, fréquenté par des milliers de stagiaires. La Montagne Noire a ainsi l’honneur de porter une partie importante du patrimoine aéronautique français.
Singulier, enfin, par ses locaux. Les infrastructures de l’aérodrome conservent les "vestiges" de ce passé. L’ancienne cantine, les anciens bureaux, la menuiserie, le chalet, les hangars... nous avons le privilège d’utiliser au quotidien ces lieux chargés d’histoire, désormais inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques.
Conscients d’avoir entre nos mains un patrimoine inestimable, nous nous efforçons de perpétuer le souvenir du passé de cet aérodrome mythique. L’association APPARAT a ainsi pour principal but de préserver et restaurer les trésors de la glorieuse époque du centre (avions, planeurs, bâtiments, mais aussi documents, panneaux de stages, livres d’or, photos, films...) En association avec VVMN (Vol à Voile Montagne Noire) et le club de la plateforme (voir ici), nous continuons à faire vivre cet aérodrome si particulier et si attachant.
Il n’est pas trop tard pour agir et repousser ce projet préjudiciable dont le dossier d’instruction est en ligne sur le site de la préfecture de Haute-Garonne (voir ici). Nous comptons sur votre participation à l’enquête publique et vous en remercions.
Participer à l’enquête publique
Bernard Gabolde, Président fondateur d’APPARAT - Musée d’Aviation Légère de la Montagne Noire