Il existe actuellement trois sujets de préoccupations majeurs dans les Côtes-d’Armor :
- L’éolien offshore en Baie de Saint-Brieuc
Les études d’impact, réalisées à l’initiative du promoteur Ailes Marines, sur un ancien projet (100 éoliennes de 175 mètres montées sur “jackets”) sont arrivées pour examen en Préfecture. Celle-ci refuse de les communiquer. Or, le projet technique évolue (62 éoliennes, de 215 m à présent, l’incertitude demeurant quant aux fondations) et rend déjà ces études partiellement caduques.
Aux dernières nouvelles, Ailes Marines, qui aurait dû déposer le 23 octobre une demande d’autorisation de construction et d’exploitation du parc éolien offshore, a réclamé au Ministère un délai supplémentaire d’un an pour remettre son dossier. De ce fait, l’enquête publique sera repoussée à début 2016, sans entraîner pour autant, d’après Ailes Marines, le report de la mise en service intégrale prévue en 2020.
Deux réunions organisées par Gardez les Caps, membre de la SPPEF, avec la participation active du délégué départemental de la SPPEF, vice-président de Gardez les Caps, ont réuni le 4 août 170 participants à Plévenon et 450 le 11 août à Pléneuf Val André. Ces réunions, très animées ont montré :
– que beaucoup d’assistants découvraient le problème malgré le débat public en 2013 et de nombreux articles dans la presse régionale, tous favorables au projet « Ailes Marines ».
– que les effets du projet sur les oiseaux et les mammifères marins étaient largement inconnus comme l’a clairement souligné le spécialiste du GEOCA (Groupe d’études ornithologiques des Côtes d’Armor), sans parler des effets destructeurs avérés sur le principal gisement français de coquilles Saint Jacques.
– que des craintes sérieuses pesaient sur la navigation tant pour la pêche côtière que pour la plaisance. De même, les courants marins est-ouest, en se heurtant au parc offshore, risquent d’être en partie déviés le long des côtes et de “lessiver” les plages de leur sable, ce qui serait catastrophique pour le tourisme cost-armoricain.
Les 2 et 3 octobre 2014, se tiendront à Erquy les 16e Rencontres du Réseau des Grands Sites de France. Une question devrait alors être posée : « Le label Grand Site de France pour les Caps d’Erquy et de Fréhel » est-il compatible avec l’installation d’un parc de 62 éoliennes de 215 m de haut à 16 km des côtes ? Elle ne sera pourtant pas posée car les associations (SPPEF, Gardez les Caps, Fréhel Environnement) ne sont pas invitées !
- Les parcs éoliens terrestres
Leur développement accéléré par les simplifications administratives (permis unique), ainsi que par le volontarisme du Préfet, pose un sérieux problème de suivi, aggravé par le refus de la DREAL Bretagne de communiquer la liste des projets reçus (contrairement aux Préfectures de la Loire-Atlantique ou de la Somme), ainsi que par la résignation des populations concernées.
Le 5 septembre dernier, la réunion régionale de la Demeure Historique a été l’occasion pour le délégué départemental des Côtes-d’Armor de soulever le problème des éoliennes terrestres et offshore devant le responsable Environnement et Tourisme du Conseil Régional comme du Conservateur Régional des Monuments Historiques. La politique très restrictive en matière d’inscription ou de classement adoptée par ce dernier, avec l’aval de la Commission régionale du patrimoine et des sites, va à l’encontre de la protection des sites et monuments. Seule la présence d’un Monument historique (en dehors des contraintes hertziennes et des RTBA) semble de nature à faire modifier un projet de parc éolien (et encore…) De nombreux calvaires et chapelles dans les Côtes-d’Armor ne sont malheureusement pas classés alors qu’ils mériteraient de l’être, ce qui aurait au moins pour effet de les faire prendre en considération.
Enfin, dernier avatar, le verrou concernant l’installation d’éoliennes au coeur des massifs forestiers est en train de sauter. Si les forêts domaniales sont encore épargnées (pour combien de temps ?), des exemples scandaleux se font jour dans les forêts privées comme celles de Lanouée et de la Hunaudaye, pourtant classées.
- La composition de la Commission des Sites
Consultative puis à présent facultative alors que le permis unique expérimenté en Bretagne en fait la seule instance susceptible d’émettre un avis, cette Commission va voir son équilibre totalement inversé par la présence d’un représentant de la filière éolienne avec droit de vote. Il est à prévoir des incidents, chaque fois qu’un projet de parc éolien lui sera soumis, le représentant de la SPPEF étant le seul opposant face à la bienveillance des services préfectoraux et des élus, du représentant de la Chambre d’Agriculture et l’activisme des industriels de l’éolien désormais membres de la Commission.
Jean de La Motte de Broöns, délégué SPPEF pour les Côtes-d’Armor