Le 8 juin 1990, le Président François Mitterrand prononçait ce très beau discours, dont nous souhaitons qu’il inspire les décideurs actuels, et agissait pour la préservation de la forêt de Saint-Germain-en-Laye, l’une des plus fameuses de France, devenue aujourd’hui la variable d’ajustement des politiques urbaines du Grand Paris.
L’A 14 - projet pourtant déclaré d’utilité publique et dont les travaux avaient débuté - sera effectivement enseveli sous la forêt, à l’emplacement même de l’actuel projet de train-tram...
"… c’était en région parisienne, j’ai récemment eu l’occasion de me prononcer sur un projet d’échangeur autoroutier qui était prévu dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye.
J’ai demandé à M. le ministre de bien vouloir modifier les plans, bref, de ne pas réaliser cet ouvrage. Mais je dois dire - cela n’arrive pas tous les jours - que j’ai rencontré chez les hauts responsables de ce ministère et d’abord chez le ministre une très grande compréhension et qu’à partir de la constatation de ce qu’il convenait de faire pour respecter la forêt, sans pour autant négliger la communication nécessaire des villes multiples qui se trouvent dans cette zone, on est arrivé à un arrangement satisfaisant dont se réjouit la population.
J’ai pensé qu’il fallait donner un coup d’arrêt à l’utilisation trop fréquente, trop facile peut-être, de nos territoires forestiers pour créer de nouvelles infrastructures. Il ne faut pas oublier la protection de nos forêts. Je m’en suis fait l’avocat. …décision fort difficile à prendre. Seulement voilà, cela a été fait. Les résultats, j’en demande davantage. Je viens d’écrire au Premier ministre et au ministre pour leur demander d’adopter une démarche générale pour mieux intégrer les objectifs d’environnement particulièrement forestiers, dans les programmes d’équipement. Il faudra donc toujours plus de rigueur dans le choix des réalisations, des sites pour les décisions de tracé, dans la mise au point des dispositifs de protection….
Souvent la commodité conduit à préférer un tracé où l’on ne se plaint pas à un tracé qui provoquerait des récriminations. Or les arbres ne disent rien. Dès lors, la propension, même de beaucoup d’élus, c’est de demander que cela passe par là où il n’y aura personne, pensait-on - mais il y a quelqu’un, heureusement, quelques-uns et beaucoup - pour réclamer, pour protester, pour se fâcher, pour empêcher. Comme les arbres ne disent rien, bien que les poètes l’aient compris avant nous, c’est d’ailleurs leur rôle, il faut bien qu’ils soient défendus. D’autant plus qu’en fin de compte, si l’on parle de qualité de la vie, c’est bien là qu’on la trouve, en particulier, parmi d’autres choses. Il faut donc que, par rapport aux différents tracés qui risquent d’entamer notre capital forestier, un examen très minutieux soit fait, le cas échéant de nouveau, pour tenter de trouver des solutions plus compatibles avec l’intérêt général. … harmoniser et rendre compatibles les voies de communication qui s’imposent avec la protection d’un paysage et surtout la protection de la vie qu’entretiennent si bien les forêts en même temps que le goût de vivre, le goût de l’esthétique, le bonheur d’être là. »
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