PATRIMOINE.
L’association Sites et monuments aimerait faire classer le bâtiment des Ursulines, situé derrière l’église Notre-Dame, sur lequel sont gravées des inscriptions comme ce qui ressemble au dessin de sa version originale.
Parmi les seize lieux ciblés dans le cadre de “Révéler Saint-Dizier”, attendant un projet extérieur pour reprendre vie, il y a la maison des Ursulines. Un bâtiment qui fait partie du paysage bragard depuis de longues dates, mais qui n’en demeure pas moins caché. Il se situe à l’arrière de l’église Notre-Dame, rue Guy-de-Bourbon.
Épure mystérieuse
L’association Sites et monuments, garde un œil attentif dessus. Notamment par le biais de Martine Roussel, déléguée départementale de la structure. Cette dernière, qui connaît parfaitement la ville de Saint-Dizier et son patrimoine, a effectué de nombreuses recherches sur l’édifice, daté de 1717. Il a notamment abrité la maison des Dames Régentes de la Croix qui étaient établies dans la ville au milieu du XVIIe siècle. Malgré les deux gros incendies de l’église en 1750 et 1775, les Ursulines sont restées intactes. Après avoir accueilli des prisonniers de guerre durant la Révolution, il abritera l’école communale des filles en 1818, l’école Arago (laïque) en 1891, ou encore la bibliothèque municipale en 1930.
Mais ce qui intéresse surtout la déléguée de Sites & monuments, c’est le dessin d’une église vue de face, sur le mur côté sud. « C’est ce que l’on appelle une épure, et elle est d’une grande qualité historique. Le tracé géométrique ressemble fortement à notre église Notre-Dame de l’Assomption ». Pour cette dernière, cette gravure dans la pierre « pourrait, sans doute, être l’œuvre incontournable d’un maître ou d’un futur tailleur de pierre ou architecte ». Cette façon de faire étant en quelque sorte une manière de signer une œuvre à l’époque.
Monuments historiques
Avant d’être reconstruite, l’église possédait trois nefs et quatre chapelles (celles de Saint-Jean-Baptiste et de la Sainte-Vierge existent toujours). Quatre chapelles que l’on distingue, sur cette épure…
D’où la volonté pour l’association de faire classer l’édifice aux Monuments historiques. « Ce patrimoine historique, culturel et cultuel, bien connu des Bragards, ne peut pas être dissocié de l’église, puisqu’il fait corps et âme à part entière à celle-ci. »
Si le monument était classé, un projet de Musée d’art sacré pourrait se concrétiser. « C’est une attente pour beaucoup de passionnés d’art, sans oublier tous les métiers d’art qui y sont attachés. ». Mgr Joseph de Metz-Noblat serait emballé par cette idée. Mais nous n’en sommes pas encore là. « Le patrimoine est l’élément fédérateur de toute attractivité d’un village et d’une ville, et sa préservation, sa protection est au même titre que celui du paysage », conclut Martine Roussel.
Louis Vanthournout, rédacteur jhm
Le principe du nombre d’or
De nombreuses cathédrales et autres édifices religieux ont été construits selon le principe du nombre d’or. « Ce n’est ni une unité de mesure, ni une dimension. C’est un rapport entre deux grandeurs homogènes », rappelle Martine Roussel. Le nombre d’or qui était déjà utilisé en 2800 av. J-C. pour la construction des pyramides de Kheops, ou plus tard avec le Parthénon d’Athènes. De nombreux peintres ont également eu recours au nombre d’or, comme Leonard de Vinci avec son tableau “Homme de Vitruve”, représentant l’homme parfait.
À première vue, les éléments symétriques de l’épure de l’église Notre-Dame de l’Assomption laissent à penser que le nombre d’or a été utilisé pour sa construction. Calque à l’appui, Martine Roussel nous montre les lignes qu’elle a tracées : « Incontestablement, ce signe exceptionnel montre bien les rapports du nombre d’or », affirme-t-elle.
Une raison de plus pour classer le monument ?
Comment classer un monument ?
Pour que cette maison des Ursulines soit classée, un dossier solide sera transmis par l’association Sites et monuments au maire de Saint-Dizier et président de l’Agglomération, aux services départementaux du Patrimoine et aux services de l’Etat. Comme nous le confie Martine Roussel, « il me faut encore apporter des données historiques ». Pour ce faire, elle s’appuiera sur les archives départementales de Haute-Marne et de la Marne.
Ensuite, les commissions régionales et nationales du patrimoine et de l’architecture (CRPA et CNPA) se basent sur des critères historiques, artistiques, scientifiques et techniques, sachant que les notions de rareté, d’exemplarité, d’authenticité et d’intégrité seront prises en compte, pour classer – ou non – le monument.
L’église de Marnaval est le dernier site bragard à avoir intégré la liste des édifices protégés au titre des Monuments historiques. C’était le 17 mars 2022.