Face à l’inertie des pouvoirs publics dans ce dossier, nous ouvrons nos colonnes au collectif local qui défend ce patrimoine industriel de qualité, soutenu par notre délégué régional, et qui propose une réhabilitation muséale pertinente.
Situé sur la commune de Viviez, au bord de la route qui conduit à Figeac, l’ancien "Hôtel des célibataires" a encore fière allure malgré son état d’abandon. Edifié en 1907 par la société belge qui exploitait à Viviez la plus grande usine de production de zinc d’Europe, ce bâtiment majestueux, emblématique de la politique sociale de la société industrielle a été conçu pour héberger le personnel de l’usine voisine. Il abritait une quarantaine de chambres, des douches, une laverie, des salons et une bibliothèque.
Pour l’anecdote, il est bon de rappeler qu’après la révolution russe de 1917, il hébergea une communauté d’émigrés russes, ce qu’il est convenu d’appeler des Russes blancs fuyant leur pays. Une chapelle, aujourd’hui disparue, permettait à la petite communauté d’assister aux offices religieux orthodoxes.
Ce bâtiment à l’histoire passionnante a été acquis en 2001 pour le franc symbolique, dit-on, par le Conseil Général dont le président de l’époque était Jean Piech, originaire de Viviez. Depuis cette époque, et malgré plusieurs initiatives de porteurs de projets, c’est le statu quo. Aucun des projets de réaffectation dont la presse locale s’est fait régulièrement écho n’a abouti.
Peu dynamique dans ce dossier, le Conseil Départemental semble chercher depuis des années à s’en débarrasser, l’ancien président Luche le qualifiant de "verrue".
Depuis plus de 20 ans l’absence de volonté politique, voire le désintérêt de la part de la classe politique actuelle pour tout ce qui représente le passé industriel local et la tradition ouvrière, le déficit culturel général qui n’a pas permis de sensibiliser le propriétaire à l’intérêt architectural du bâtiment, font qu’à l’heure actuelle ce bâtiment est menacé de démolition.
Alerté par cette situation Sites & Monuments, par le biais de son délégué régional Bernard Fournié-Eche, natif lui aussi de Viviez, a saisi la Direction Régionale des Affaires Culturelles dans le but d’entreprendre une procédure de protection au titre des Monuments historiques. La commission permanente chargée de formuler un avis s’est prononcé favorablement à l’unanimité, donnant l’espoir que la protection aboutisse dans les meilleurs délais.
Informé de cette procédure, le Conseil Départemental a réagi de façon aberrante, contre l’intérêt public, en demandant un permis de démolir du bâtiment (délivré en avril par le maire) malgré l’identification dans le PLUi comme Bâtiment d’intérêt patrimonial à préserver et un avis défavorable de l’Architecte des Bâtiments de France.
Face à cette urgence, Sites & Monuments a entrepris une action devant le tribunal administratif de Toulouse en vue de faire annuler le permis de démolir. Le combat pour la sauvegarde de l’ancien Hôtel des Célibataires continue donc.
L’ancien bassin houiller de DECAZEVILLE représente plus d’un siècle d’activité industrielle dans le domaine minier, sidérurgique, métallurgique... Qui sait encore que les rails de la première ligne de chemin de fer française ont été produits dans les usines decazevilloises ? Il ne reste quasiment plus rien comme témoignage de cette époque glorieuse, comme si on avait voulu en faire disparaître toute trace, alors que d’autres régions de vieille industrie ont su conserver et mettre en valeur l’architecture industrielle passée et en font un outil d’attrait touristique.
Alors que faire ? Il est clair qu’on ne peut assurer la sauvegarde d’un bâtiment à l’abandon sans en assurer la reconversion. Il faut lui trouver une nouvelle vie, propre à redorer le blason d’une région qui n’a connu depuis quarante ans que récessions, fermetures d’usines et démolitions.
Un projet de valorisation architecturale et culturelle adapté
Notre proposition : la commune de Decazeville possède une collection de minéraux et fossiles recueillis par un ancien ingénieur des houillères, Pierre Vetter. Cette collection, entreposée dans des caisse depuis la démolition du bâtiment insalubre qui l’abritait, a reçu la reconnaissance du ministère de la Culture qui l’a labellisée "Musée de France" malgré une présentation au public très partielle par des expositions temporaires dans le hall de la mairie. Cette reconnaissance a une portée nationale. Pourquoi ne pas accueillir cette collection prestigieuse dans l’hôtel des célibataires restauré, qui représente certainement le plus bel édifice de la région ? L’attrait touristique de ce musée, facile d’accès et aménageable, serait indéniable, d’autant qu’il se situe à mi-chemin entre deux pôles touristiques d’importance : l’ancienne abbatiale de Conques et le site de Rocamadour.
L’ancien Hôtel des Célibataires, malgré son état d’abandon, présente toujours une structure saine et le coût des travaux de remise en état est sensiblement équivalent à celui de la construction d’un bâtiment neuf de même superficie. Les efforts entrepris par la commune pour inventorier et sauvegarder dans de bonnes conditions ses collections géologiques trouveraient alors leur aboutissement.
Pour mener à bien notre lutte et s’opposer à la démolition de l’Hôtel des Célibataires, aidez-nous à poursuivre notre action en justice en faisant un don !
Milladiou et Macarel.
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