La Provence du 2 novembre 2024 : "À Aix-en-Provence, l’ancien couvent des Chartreux du XVIIe siècle bientôt démoli pour bâtir des appartements"

La Provence du 2 novembre 2024

 

En avril dernier, les derniers habitants de la copropriété ont fini de vider les lieux et le squatteur vivant dans une ancienne cellule de moine s’interrogeait sur sa prochaine destination… S.D.

Malgré la mobilisation de riverains et du CIQ, la bâtisse qui abritait au XVIIe siècle les moines sera rasée. Un promoteur entend y édifier un ensemble résidentiel de 9 appartements.

Les interventions auprès de la municipalité, les appels au secours lancés à la direction régionale des affaires culturelles (Drac), au sous-préfet d’Aix-en-Provence, au ministère de la Culture, les démarches de l’association Sites et Monuments n’ont apparemment servi à rien. Selon des riverains et le comité d’intérêt de quartier Faubourg-Sextius, les travaux de démolition de l’ancien couvent des Chartreux sont imminents. Des agents EDF ont procédé ces derniers jours à l’installation de bornes électriques rue des Chartreux (perpendiculaire à la rue de la République) destinées aux engins de chantier et désactivé celles qui alimentaient le site.

Au XVIIe siècle, les moines travaillaient dans les ateliers en rez-de-chaussée et leurs cellules étaient à l’étage. Transformée en appartements au fil du temps, la bâtisse a été acquise il y a plusieurs années par le promoteur Provence Habitat qui projette de le démolir pour construire neuf appartements sur 1500 m². Dans le jardin, de 600 m², dont les arbres, notamment fruitiers, ont été tronçonnés, on trouve encore deux puits avec de l’eau à moins de 5 mètres de profondeur et des voisins se demandent s’il est opportun d’envisager un parking souterrain en regard à la tragique actualité liée aux inondations. Ils interrogent sur l’existence d’une étude hydraulique écartant tout risque d’inondation alentour.

Le permis de construire a été accordé et purgé de tout recours. Les opposants au projet avaient tenté vainement ce printemps de plaider auprès des autorités le fait que la Drac avait produit un rapport pointant la qualité patrimoniale de l’édifice, rapport qui serait arrivé tardivement, après l’instruction du permis. Depuis mai, le service archéologie de la Ville procède à des fouilles à l’intérieur, d’abord, sur le bâti. Des riverains affirment qu’ont été découvertes des peintures sur les murs, ainsi que des angelots d’une belle envergure. Vraisemblablement, rien d’assez remarquable qui permette de suspendre le calendrier.

Selon nos informations, les fouilles préventives devraient logiquement suivre la démolition. Il ne serait pas étonnant d’y trouver des vestiges de "domus" antique, comme cela avait été mis au jour dans les années 80 lors de la construction, derrière l’ancien couvent, de la résidence-hôtel Adagio. Beaucoup de riverains se souviennent d’avoir entendu évoquer à cette occasion mosaïques et autres traces antiques qui ont servi, comme en pareil cas, aux archéologues, à alimenter la collecte historique de la cité. Vraisemblablement, à moins d’une trouvaille remarquable, les fouilles préventives n’auront pas d’autre objectif sinon la recherche pure. Le programme immobilier irait donc à terme, même si les habitants du quartier se sont émus de la disparition à venir d’un édifice au passé patrimonial remarquable et, dans la foulée, d’un espace vert autrefois composé d’oliviers, abricotier, acacias, etc...

En cette période où il est de mode de parler revégétalisation et espaces verts aux vertus rafraîchissantes, il pourrait sembler paradoxal de supprimer les perles rares subsistant encore en plein centre-ville...

La Provence : Carole Barletta

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