Sites & Monuments et très heureuse d’avoir confié le fruit de ses recherches à La Tribune de l’Art, média engagé pour la défense de notre patrimoine.
Le projet de vente à la découpe et la braderie du mobilier historique du château de Grignon, institution dédiée à l’agronomie fondée en 1826 par le roi Charles X, en font un symbole du délitement de la chose publique en France.
JL
L’histoire du Romanelli vendu par les Domaines remonte à deux siècles, même si l’œuvre reste inaliénable et imprescriptible (voir l’article). L’affaire que nous pouvons révéler ici, tout aussi scandaleuse que l’était la cession de ce tableau par le ministère de la Justice en 1830, et dont Le Canard Enchaîné parle également dans son dernier numéro, ayant enquêté parallèlement à nous, date du mois de juin 2022… Rien ne change, au fond, dans les ministères. La même incompétence, la même ignorance et le même mépris du patrimoine aboutissent aux mêmes résultats.
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Le ministère en cause cette fois n’est pas le ministère de la Justice, mais celui de l’Agriculture. Il partage, avec celui de la Culture, une lourde responsabilité. Car s’agissant du château de Grignon (ill. 1) que ce dernier a depuis plusieurs années abandonné à son sort, refusant de transformer son inscription en classement (voir l’article), et alors que le ministère de l’Agriculture souhaite s’en débarrasser sans se soucier réellement de son avenir, le moins que l’on aurait attendu de la rue de Valois et de la DRAC Île-de-France aurait été qu’ils portent une attention particulière à ce monument.
Le mobilier de Grignon bradé par les Domaines
L’histoire commence au mois de juin 2022 quand sont proposés par les Domaines, le service de l’État chargé de céder le mobilier dont il n’a plus l’usage, sur son site www.encheres-domaines.gouv.fr du mobilier provenant du domaine de Grignon. Il s’agit d’une vente uniquement en ligne, se déroulant du 10 au 15 juin 2022. Tout ce mobilier était qualifié comme étant « de style », ce qui signifie qu’il s’agissait d’un mobilier courant, peu ancien et inspiré des formes des siècles précédents. Les mises à prix étaient dérisoires, quelques dizaines d’euros. Bref, une vente comme les Domaines en font beaucoup, sans publicité véritable. Bien au contraire d’ailleurs : les objets étaient visibles uniquement en ligne (il était impossible de les examiner), avec de mauvaises photos les lots provenant de Grignon étant en outre mélangés avec d’autres sans rapport, les meubles d’une même série vendus en lots discontinus...
Pourtant, ce mobilier n’était pas « de style », il était d’époque, de Louis XV à Napoléon III, avec notamment un ensemble Louis XVI de qualité exceptionnelle.
Des meubles revendus à Drouot en novembre
Une partie de ces meubles, acquise par un marchand, a été revendue ensuite par la SVV Daguerre, le 8 novembre dernier, à l’hôtel Drouot. Il s’agissait de trois des lots cédés par les domaines en juin : un lit, un ensemble de dix chaises, et une console. Les meubles étaient cette fois correctement décrits par Daguerre comme d’époque Louis XVI et provenant du château de Grignon...
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Lire notre lettre aux ministres de l’Agriculture, des Finances et de la Culture.
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