Prix "Allées d’arbres"
Le jury de la 8ème édition du Prix « Allées d’arbres » a retenu cinq dossiers sur les dix-huit déposés cette année par des collectivités territoriales, des établissements publics, des propriétaires privés et une association. Trois dossiers lauréats montrent combien l’engagement et les actions des citoyens, des élus ou des propriétaires convergent autour de ce patrimoine commun à tous. Les deux autres présentent des actions d’envergure qui ont la vertu de requalifier des territoires ou portions de territoires, démontrant le rôle important des allées d’arbres en matière d’aménagement et de cohésion. Cinq beaux exemples d’actions pour les allées d’arbres :
Un habitant de la commune s’est opposé en 1995 à l’étêtage drastique des marronniers anciens bordant une des voies de sa commune. Cette préoccupation ne l’a pas quitté lorsqu’il a été élu au conseil municipal. Aujourd’hui, près de trente ans plus tard, la municipalité protège cet alignement de 2 km, planté au tournant du XXe siècle, qui marque le paysage communal. Elle a identifié les arbres dans son plan local d’urbanisme et suit attentivement leur état, privilégiant préservation et replantations. Un bel engagement personnel devenu collectif.
L’association ARBRES - Gardiens de l’ombre a également joué un rôle essentiel en 2020 dans la mobilisation lancée à l’initiative de la mairie d’Aigues-Vives contre le projet d’abattage de 126 platanes le long de la RN 113 pour des raisons de sécurité routière. Élus à tous niveaux, associations, personnalités nationales se sont mobilisés pour obtenir la suspension de la décision d’abattage, annulée ensuite par décision préfectorale, sauvant ainsi cet alignement planté il y a plus d’un siècle. Des travaux d’aménagement ont depuis été réalisés pour renforcer la sécurité routière le long de l’alignement, contribuant par là même à une meilleure protection des platanes.
Les allées du château de Gizeux ont été dévastées en 2021 par une tornade d’une extrême violence, qui a mis à terre, brisé ou fragilisé quelque 350 arbres du parc, en particulier la grande allée de platanes bicentenaires. Après ce désastre, les allées ont été rapidement déblayées et sécurisées. Il a fallu ensuite définir une stratégie de replantation et mobiliser des financements. Les replantations ont pu être réalisées fin 2022. Le soutien de la population locale pour le déblayage et le financement de la replantation a montré une fois encore que les allées et leur devenir ne touchent pas seulement leurs propriétaires mais également la communauté.
Le Conseil départemental de l’Essonne s’est engagé dans une démarche globale au bénéfice des alignements du département, inscrite dans le schéma directeur défini en 2019. L’objectif est triple : restaurer le patrimoine d’allées perdu entre 2002 et 2019, entretenir le patrimoine existant et développer les plantations pour l’avenir. 4 000 arbres devraient s’ajouter aux 3 000 autres plantés depuis 2021. Un barème pour évaluer la valeur des arbres a notamment été adopté pour faire comprendre la valeur monétaire des arbres et mieux veiller à leur préservation. Les alignements sont aujourd’hui pris en compte dans les travaux de voirie. L’enjeu est désormais de renforcer la coopération entre les services Espaces verts et paysage et celui des Routes et d’abandonner les règles de distance minimale de plantations afin de maximiser les sites de replantation.
La communauté d’agglomération Versailles-Grand Parc met en œuvre la restitution de l’ancienne allée royale de Villepreux, axe historique de la Plaine de Versailles, un site classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Après une phase d’études et d’acquisition de terrains, les deux premières phases de plantation de cette double allée ont été réalisées entre 2020 et 2022 et près de trois cents arbres plantés. Un projet complexe par la recomposition foncière qu’il a impliquée dans ce paysage morcelé par l’histoire et l’urbanisation. Une réalisation exemplaire par la prise en compte des aspects historiques, des conditions de plantation, de la biodiversité. La démonstration du potentiel des allées pour unifier, structurer un territoire et contenir l’urbanisation.
Prix "Second œuvre"
Les deux dossiers retenus par le jury de cette 8ème édition démontrent, chacun dans leur contexte, l’importance de préserver le caractère d’un bâtiment en restaurant ses éléments de second oeuvre. Les dossiers lauréats présentent tous les deux une restauration avec conservation optimale d’éléments anciens et mettent en évidence une même volonté de faire revivre un patrimoine, en retrouvant les techniques de sa réalisation et en assurant sa transmission aux générations futures dans toute son intégrité : une municipalité ayant mis en œuvre la restauration d’un portail menuisé du XVIIe siècle devenu invisible dans son cadre urbain, permettant la requalification de l’édifice et de son environnement ; une association ayant remis en valeur un édifice fin XIXe siècle en sauvegardant son décor d’un style et d’une facture encore trop souvent mésestimés. Deux réalisations exemplaires.
Jusqu‘en 2021, la porte d’accès à l’ancienne chapelle des Ursulines, dans le centre d’Angers, avait triste allure malgré ses dimensions imposantes et sa position dominante en haut d’un escalier de pierre. Son décor se distinguait à peine, ses peintures et vernis étaient en fin de vie, laissant le bois à nu par endroits. En 2021, la municipalité d‘Angers engage le processus de restauration de la porte, inscrite au titre des monuments historiques. Déposée et entièrement démontée en atelier, la porte fait l‘objet d‘un constat d‘état complet, d‘une analyse rigoureuse des éléments à conserver et d‘une étude stratigraphique approfondie avant d‘être restaurée dans les règles de l‘art. Après six mois de travaux, la porte parée de “rouge Vauban“ a retrouvé son éclat et sa juste place dans le patrimoine historique angevin.
Sauver les peintures du chœur de leur église communale, Notre-Dame de Gensac, tel a été l’objectif que se sont donné en 2016 les six premiers membres de l’Association de sauvegarde du patrimoine culturel et cultuel de la vallée de la Durèze. Un projet ambitieux pour une jeune association. Avec ténacité et dynamisme, celle-ci a réuni les fonds nécessaires pour financer progressivement les tranches de travaux projetés. Son objectif, partagé avec la municipalité au fil des années, est atteint et les résultats sont au rendez-vous. Les dernières tranches de travaux sont programmées. Les décors altérés sont sauvés et le chœur a d‘ores et déjà retrouvé la luminosité voulue en 1897 par son créateur, le peintre Léo Millet.