La construction du chevet de la cathédrale Saint-Julien au Mans a nécessité de franchir la muraille antique au 13ème siècle. L’autorisation en fût donnée par le roi Philippe Auguste à la demande de la reine Bérengère, veuve de Richard Cœur-de-Lion. Entouré de treize chapelles rayonnantes, avec ses arcs-boutants en Y, ce chevet constitue un joyau de l’art gothique.
La chapelle axiale dédiée à la Vierge et dont la voûte est décorée des célèbres anges musiciens, est achevée vers 1235. En 2019, l’évolution des dégradations observées sur cette partie de l’église a poussé la DRAC des Pays-de-la-Loire à faire réaliser une étude diagnostic avant d’entamer des travaux sur la chapelle.
La première phase du chantier qui porte sur la restauration des maçonneries extérieures, des couvertures et des vitraux est pratiquement achevée. La conservation sur la voûte du décor peint entre 1370 et 1378 figurant un concert d’anges célestes est désormais assurée. La reprise des décors peints intérieurs, datant de la même époque, fera l’objet d’une deuxième tranche.
En revanche, qu’en est-il pour l’enceinte gallo-romaine au pied du chevet de la cathédrale, à quelques mètres seulement de la chapelle axiale ? La plaie béante ouverte depuis des années dans l’enceinte médiévale, qui laisse voir la tour Saint-Michel, plonge les passants dans la perplexité. Son couronnement en métal, ses blocs de pierre pris dans un treillage en acier, posés en équilibre au niveau du faîtage, sont-ils provisoires ou définitifs ?
Il semble que cette situation réponde à la nécessité de protéger l’enceinte des infiltrations pluviales. Cependant, aucun panneau ne donne d’informations sur ce médiocre appareillage.
Un regard plus attentif sur la portion de cette enceinte entre les terrasses de café et l’accès automobile au tunnel suscite aussi quelques inquiétudes sur l’état des parements.
Le front occidental de cette enceinte quasi-unique en Europe, longeant la Sarthe, a bénéficié dans les années 1980 d’une restauration exemplaire. Pour les portions « Wilbur Wright » et Saint-Michel, si rien n’est fait dans des délais brefs il est à craindre que les désordres au niveau des fondations entrainent des pertes irrémédiables. Une telle situation est inimaginable alors que des travaux de mise en valeur de ce secteur avec un appel à projet pour la création d’un jardin sont prévus.
De nombreuses études ont été menées par la DRAC depuis 2014. Mais il est désormais nécessaire d’établir un programme de travaux de sauvetage et un planning de réalisation. Durant cette période, il sera possible d’affiner les principes de reprise des différentes portions en fonction de leurs caractéristiques.
L’installation de panneaux expliquant au public la nature des travaux, le calendrier prévisionnel et donnant à voir l’état projeté contribuerait à renforcer l’intérêt pour ce patrimoine.
Patrick Migeon, délégué Sites & Monuments de la Sarthe.