Première ville touristique du monde, la capitale française a battu son record absolu de fréquentation en 2013 (avec 29,3 millions de visiteurs), c’est-à-dire avant que le projet SANAA pour la Samaritaine ou que la "tour triangle" ne voient le jour, preuve que son attractivité ne résulte pas d’une accumulation de gadgets architecturaux.
On reste ainsi stupéfait devant la prétendue perte d’attractivité de Paris, qui légitimerait la multiplication des "gestes architecturaux" dans une ville dont l’architecture modeste, l’unité de teinte, de matériaux et de gabarit fait la beauté.
A voir, l’interview des Président (06:15) et vice-président (07:10) de la SPPEF par la chaîne coréenne de télévision KBS :
Traduction :
"Au bord de la Seine, chaque année 70 000 touristes montent en bateaux parisiens pour savourer ce paysage. Surtout la vue nocturne est très populaire : vue de la Tour Eiffel, du Musée du Louvre, de Notre-Dame, qui est un des célèbres bâtiments gothiques de la ville. Les monuments de Paris créent une vue unique qui est désormais le symbole de Paris. Interview (touriste). Ces monument donnent envie d’y vivre.
Au centre de Paris, les bâtiments de ce quartier datent de plus de deux cents ans. Ce bâtiment, composé après le deuxième étage de logements, a également plus de deux cents ans. L’ascenseur est vieux et étroit, il ne peut transporter que trois personnes. Le locataire, monsieur Heintz, est content de vivre dans cet immeuble. Interview (Heintz). Mais l’intérieur de logement demande quelques travaux ; l’installation de la lumière est limitée. Dans la chambre, il n’y a pas de lumière au plafond. Il a repeint le mur lors de son aménagement, mais il y a des fissures impossibles à couvrir. Interview (Heintz). La vue à l’extérieur est magnifique, mais l’intérieur de ces bâtiments a parfois des soucis.
La rénovation d’un intérieur provoque des complications. Nous sommes dans une boutique qui vend des objets en argent : table et décoration. Cela fait plus de cent ans que cette boutique est ouverte à côté de la place de Concorde. À la base, ce bâtiment était conçu pour un noble il y a environ deux cents ans, l’entreprise a fait adapter le rez-de-chaussée en boutique. Le deuxième étage garde des traces du temps. Une partie d’escalier est penchée par le temps et le salon magnifiquement décoré à la manière de l’époque. Interview (Anne Gros - Patrimoine Christofle). L’entreprise a un projet de rénovation pour cet étage. Mais cela fait déjà trois ans que ce projet est en attente sans pouvoir commencer les travaux. Parce que ce bâtiment est classé comme le monument historique, il est impossible de rénover sans l’autorisation de la ville. Interview (Stephan Delannoy-directeur de boutique).
La vieille publicité dans laquelle King Kong monte sur l’immeuble, c’est celle des Grands Magasins de la Samaritaine au bord de la Seine. Ouverte à la fin du dix-neuvième siècle, jusqu’aux années soixante, la Samaritaine était un des magasins préférés des habitants. Mais aujourd’hui, une grande partie du bâtiment est démoli, le site est désastreux. interview (Mathieu Guyon - président de l’association du quartier Rivoli). Quand la démolition a commencé il y a deux ans, une association a fait appel. Suite à cet appel, la justice a ordonné l’arrêt de travaux. Le mur de bâtiment sera vitré en forme de rideau, ce mur était la raison d’arrêt ; le mur vitré ne s’accorde pas avec le paysage de quartier, crée une rupture architecturale. La société LVMH a fait appel, attend une nouvelle décision de la justice. La ville de Paris, qui a donné l’autorisation de travaux, soutient la reprise des travaux pour des raisons économiques et sociales. Interview (personnel de la ville de Paris, extrait d’interview réalisé par France Télévisions). D’ailleurs il y a des gens qui soutiennent le projet. Leur argument est que cet immeuble sera une nouvelle touche architecturale et monumentale dans la ville. Interview (Philippe Trétiack - journaliste et critique d’architecture). Du côté des opposants, on réplique qu’imposer un bâtiment en rupture dans un quartier comme celui-ci est un orgueil de l’architecte. C’est un bâtiment qui détruit la vue générale du quartier, qui ne démontre que l’ambition de l’architecte. Pour eux, ce n’est qu’un geste égoïste. Interview (Alexandre Gady - professeur d’histoire de l’art et président de la SPPEF). Nous estimons que la décision de la justice tombera vers la fin d’année. L’association craint que cette histoire de la Samaritaine se serve d’exemple pour d’autres travaux de reconstruction de ce genre. Près des Invalides, où se trouve le tombeau de Napoléon, cet hôpital a ouvert ses portes récemment. À la place d’un bâtiment daté de cent trente ans, ce bâtiment contemporain est construit. Depuis l’époque de travaux, ce bâtiment a fait du bruit. Jusqu’à présent les avis sont divisés : le bâtiment ne s’harmonise pas avec les bâtiments autour. Interview (Julien Lacaze – vice-président de la SPPEF). Les débris de l’ancien bâtiment sont abandonnés à l’intérieur de l’hôpital. L’hôpital a promis de le reconstruire dans une cour, mais cela n’a jamais été réalisé.
Paris, le bord de Seine est classé comme Patrimoine Mondial par l’UNESCO. Sept pour cent des bâtiments parisiens sont classés comme patrimoine à préserver. Mais la demande de construction contemporaine ne cesse d’augmenter. Entre patrimoine et reconstruction, la ville est en difficulté."