Le domaine national de Versailles, ancien Petit Parc du château de Versailles, constitué entre 1662 et 1689 par Louis XIV autour de son Grand Canal et clos de murs, est aujourd’hui menacé dans sa partie méridionale et septentrionale (Illustration 1), souvent en dépit d’une protection au titre des monuments historiques et des sites (Illustration 2).
La détermination de l’Etat à rentabiliser ses anciennes emprises militaires, rejoint en effet la volonté de développement de la municipalité versaillaise qui souhaite faire baisser la part de la fiscalité locale mise à la charge des ménages.
Dans ce but, le plan local d’urbanisme (PLU) de la commune de Versailles prévoit de substituer à l’occupation militaire - qui devait pourtant être temporaire et réversible - des constructions définitives à usage d’habitation (logements sociaux notamment) et d’activités. Cette urbanisation nouvelle serait sans commune mesure avec les hangars et préfabriqués militaires aujourd’hui présents sur le site (Illustration 3).
Les nouveaux bâtiments seraient desservis, au sein même des murs du domaine national, par trois nouvelles gares établies dans un rayon de moins de 1500 mètres et par une nouvelle route départementale dont l’implantation ne serait pas moins problématique (Illustrations 1 et 4). Dans ces conditions, l’évolution à moyen terme de toute la partie sud du domaine vers une urbanisation dense ne fait aucun doute.
La SPPEF considère qu’il est nécessaire et fondamental de s’opposer à cette urbanisation qui compromettra la beauté de Versailles. Celle-ci repose en effet, depuis Le Nôtre, notamment sur une opposition entre la minéralité de la ville et les étendues naturelles de l’ouest versaillais (Illustration 5). Louis XIV fit d’ailleurs détruire les quatre villages médiévaux inclus dans son Petit Parc, tandis que son célèbre jardinier intégrait la campagne à son œuvre (Illustration 6). Loin des jardins clos du Moyen Age, il inventait alors génialement le paysagisme.
A ce paysage historique qui ne demande qu’à renaître, la municipalité versaillaise entend aujourd’hui substituer un parc en deux dimensions : les perspectives du parc original seraient ainsi occultées par des « masques végétaux » dissimulant l’urbanisation nouvelle. La reconstitution projetée de l’Etoile Royale ici, chef d’œuvre de Le Nôtre situé à l’extrémité du Grand Canal, deviendrait en outre absolument vaine (Illustrations 7 et 8).
La SPPEF, qui n’entend pas nuire au développement de la commune de Versailles, a proposé de limiter l’extension de la ville aux 280 hectares à restructurer et à construire du plateau de Satory, en échange principalement de l’abandon de l’urbanisation des 21 hectares de Pion et des 10 hectares de réseau ferré de France aux Matelots. Un recours contre le PLU de la commune de Versailles a été déposé à cette fin et des actions menées auprès des services de l’Etat compétents.
Par ces actions, notre Société entend contribuer à la constitution d’un pré carré versaillais dont la limite intangible se confondrait avec les murs de Louis XIV (Illustration 9) et, au sud, avec la crête du plateau de Satory. La nature y serait restaurée et une agriculture labellisée développée selon le beau projet porté par Yvelines Environnement, association reconnue d’utilité publique membre de la SPPEF (Illustration 7). Consultez le projet conçu par la SPPEF : Versailles, une nature à reconquérir
Julien Lacaze, Vice-président de la SPPEF
Paris, le 17 novembre 2012
Voir le dossier consacré à cette question par La Tribune de l’Art