Aujourd’hui, la place Félix Éboué (précédemment dénommée place Daumesnil) est le lieu de convergence de sept rues ou boulevards souvent plantés d’arbres de haute tige.
Légèrement surélevé, le centre de la place est occupé par une fontaine composée d’un grand bassin circulaire surmonté de trois bassins en gradins et de huit lions en bronze crachant de l’eau. La vasque est soutenue par des colonnes décorées de têtes féminines. Cette fontaine conçu par Gabriel Davioud (1824-1881) et Henri –Alfred Jacquemart (1824-1896) en 1869 était auparavant installée place de la République avant d’être remplacée en 1879 par le monument actuel créé à la gloire de la République. Cette fontaine constitue un repère apaisant dans le paysage urbain du 12ème arrondissement.
Or la mairie de Paris a élaboré un projet sur le « modèle » des places de la Bastille et de la République. Le rond point sera transformé en une sorte de fer à cheval déportant la circulation automobile du seul côté nord de la place.
Aussi, la symétrie du lieu n’existera plus. Les perspectives seront obstruées, la fontaine occultée par des arbres (dont les racines auront des difficultés à trouver leur espace dans un sous sol très occupé), entrainant la disparition d’une composition d’urbanisme soigneusement élaborée par les collaborateurs d’Haussmann.
Le lecteur attentif a l’impression fâcheuse d’examiner le premier projet d’un jardinier à la sortie de ses études. En outre, sur le plan fonctionnel, les modifications de circulation pour les services publics de toute nature, les répercussions sur l’équilibre économique du quartier (difficultés de circulation, de livraison, de stationnement) ne sont qu’à peine ébauchées.
Par conséquent, ce projet à la conception d’une grande pauvreté, malgré son coût de 9,5 millions d’euros, devrait relever de l’élaboration d’un concours entre architectes, urbanistes et paysagistes.
L’association des riverains du quartier Daumesnil-Reuilly et la FNE ont déjà émis un avis défavorable sur ce projet, et on s’interroge sur l’urgence et l’opportunité de dépenser près de 10 millions d’euros d’argent public, pour effacer l’œuvre des concepteurs du XIXème siècle.
Jean-Pierre Courtiau, groupe Paris de Sites & Monuments