ils refusent qu’on impose un délai, et encore moins celui de cinq ans, manifestement trop court : si la restauration doit bien entendu être la plus rapide possible pour éviter un chantier qui s’étire sur des décennies, il ne saurait être question d’imposer un délai, et de confondre vitesse et précipitation, en raison de l’organisation de Jeux Olympiques qui n’ont aucun rapport avec le bâtiment ;
ils refusent que l’on prenne des décisions irréversibles sur le déroulement du chantier avant que toutes les opérations de sauvetage de la cathédrale et des œuvres d’art qu’elle contient ne soit terminées, et avant que toutes les études préalables ne soient menées ;
ils demandent, en lieu et place d’une énième loi d’exception accélérant les procédures, que la France respecte ses obligations internationales, celles attachées au classement patrimoine mondial, à la charte de Venise et à la législation française sur les monuments historiques. La "loi Notre-Dame" ne doit être ni la loi Olympique, ni la loi ELAN !
ils demandent la constitution d’un comité scientifique international indiscutable, composé d’architectes du patrimoine, d’historiens de l’architecture et d’historiens de l’art, sans élus ni politiciens, qui sera chargé de conseiller et d’orienter les décisions prises pour la restauration ;
ils demandent une réflexion approfondie sur la question de la restauration de la charpente nourrie des diagnostics à établir ;
ils soulignent que l’argent récolté n’est pas, dans l’esprit des donateurs, destiné à financer un concours de design pour une nouvelle flèche, mais à protéger et à restaurer l’ancienne cathédrale telle qu’elle avait été transmise ;
ils demandent une réflexion approfondie sur la décision de restituer une flèche et, dans l’affirmative, sa restauration au plus près de celle qui existait, pour retrouver a minima la silhouette familière de Notre-Dame-de-Paris dans le ciel parisien ;
ils constatent que la décision immédiate d’ouvrir une collecte internationale pour la restauration est révélatrice du refus de la France, 7e puissance et 1ère destination touristique mondiales, de financer son patrimoine. Le ministère de la Culture français ne consacre ainsi chaque année qu’un peu plus de 3% de son budget à l’entretien et à la restauration des monuments historiques ;
ils demandent que le surplus inévitable d’argent récolté grâce à la souscription internationale soit versé à un fonds de sécurisation et de restauration d’autres monuments en péril et que l’Etat français abonde chaque euro non défiscalisé par un euro versé à ce fond. Restaurer Notre-Dame est en effet - au premier chef - sa responsabilité (comme propriétaire), sa faute (celle d’avoir été négligeant) et son honneur (celui de relever l’un des symboles de la France) ;
La cathédrale Notre-Dame-de-Paris est l’héritage de tous les citoyens du monde, croyants, d’autres religions et non croyants. Il ne saurait devenir l’otage de calculs politiques qui aboutiraient à une restauration plus destructrice encore que le feu et à occulter l’insuffisance des moyens alloués au patrimoine en France. On ne joue pas avec Notre-Dame-de-Paris.