Le Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) veut détruire les trois plus belles grues de la digue du Large. Ces élégants engins mécaniques de levage sont devenus au fil des années les emblèmes de l’identité portuaire de la cité phocéenne. Leurs élégantes silhouettes se dessinant sur l’horizon font partie intégrante du paysage marseillais et du panorama offert depuis et sur la digue du Large. Ces grues sont devenues les icônes de notre port. Au-delà du Grand Port, dont elles dépendent, elles appartiennent aux Marseillais. Leur beauté s’impose bien au-delà des quais : elles s’inscrivent comme un repère dans le grand paysage et sont indissociables de la façade maritime.
La direction des opérations du GPMM a lancé un appel d’offres pour « le démantèlement et le ferraillage » de trois des cinq grues mises en service en 1961 faisant désormais corps avec cette digue construite en 1844 qui est elle-même un chef-d’œuvre d’ingéniosité en même temps qu’un élément remarquable de notre patrimoine maritime.
Le Grand Port maritime de Marseille, établissement public de l’Etat ne l’oublions pas, invoque des raisons de sécurité sans jamais les expliciter. Les associations, comme la presse, aimeraient avoir communication du rapport de présentation qui lui a été soumis pour justifier leur destruction. L’aspect patrimonial n’a pourtant pas échappé au GPMM qui ne parle pas de mise en danger quand il écrit dans l’appel d’offre que “ces grues-musée ne sont plus fonctionnelles et qu’il est impossible de les manœuvrer.”
Or ces élégantes grues de 72 tonnes chacune, vestiges de l’époque de la manutention verticale, sont inscrites à l’inventaire général du patrimoine culturel de la Région comme des symboles du port sous le libellé « Ensemble de trois machines à lever à bâti mobile guidé dites grues du quai Charcot ». Mises en lumière depuis la fin des années 90, elles sont à l’évidence pour tous les Marseillais qui les regardent depuis les quais ou du haut des "Terrasses du port", un puissant signal, admiré aussi des voyageurs et des croisiéristes étrangers. "Leur suppression serait vraiment une perte énorme pour le paysage. Elles sont importantes de manière culturelle et affective sur le plan de l’attache et de l’identification à un territoire" estime sans détour un historien du port.
Ces grues figurent en outre dans le périmètre de la nouvelle Aire de mise en valeur de l’Architecture et du Patrimoine (AVAP) qui, non seulement, accorde une valeur patrimoniale aux paysages maritimes de Marseille et à sa rade, mais reconnait également “l’intérêt patrimonial des équipements portuaires”. Pour toutes ses raisons, il faut sauver ces grues, les protéger pour ce qu’elles sont et ce qu’elles disent de notre histoire portuaire. Tout le monde doit s’unir pour les conserver, les élus et décideurs de tous bords. Cela ne coûterait pas grand-chose si la Ville, le Département, la Région, le GPMM, le CCIM conjuguaient leurs efforts pour contribuer à leur sauvetage.
Pétition soutenue par Sites & Monuments (SPPEF) et le Comité du Vieux Marseille.
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