Le dolmen de Vaour dit « Peyrelevade » est une construction vieille de plus de 5 000 ans. Il se trouve sur un plateau calcaire dominant de larges horizons, en Occitanie, dans le Nord du Tarn, au carrefour de deux routes départementales. Sa situation en fait un des dolmens les plus connus et visités de la région.
Ce monument mégalithique est une tombe collective. Il n’en reste que les montants et la dalle de couverture, la table, qui limitent une chambre funéraire rectangulaire (1,20 m sur 3,50 m de long). Les pierres qui fermaient cet espace ont disparu depuis longtemps. La table épaisse de 50 à 60 cm, est fendue et une partie s’est affaissée restant en équilibre sur les montants et donnant au dolmen de Vaour sa silhouette caractéristique. Ce mégalithe a été classé monument historique en 1889 (voir ici).
Depuis cette date, deux interventions humaines significatives ont eu lieu. Dans les années 1960, un segment de route, ajouté à l’ouest a placé le monument au centre d’un petit triangle routier. Lors de la décennie des années 1980, des pierres sont installées dans la chambre funéraire pour en consolider les montants et redresser la pierre affaissée de la table, mais elles compliquent la compréhension des vestiges.
Dans les années 90, la découverte fortuite de vestiges du tumulus, amas de pierres et de terre qui recouvrait et protégeait le dolmen, provoque une fouille de sauvegarde rendue nécessaire la menace due au piétinement incessant des visiteurs. Elle confirme l’ancienne présence d’un tumulus de huit mètres de large, dont la façade encadrait l’ouverture de la chambre funéraire à l’est, et dont l’extrémité se perd maintenant sous la route à l’ouest. Ces découvertes modifient l’éclairage porté sur les interventions récentes. L’entrée de la chambre funéraire a été limitée par la pierre ajoutée pour redresser la table et le tumulus est tronqué par le segment de route construit dans les années 60. A l’issue de ces fouilles, un projet de restauration fut envisagé mais ne put aboutir.
Les abords du dolmen ont par ailleurs gardé un aspect naturel sans aménagement particulier, à l’exception d’un grand parking où les services départementaux des routes ont malheureusement stocké des matériaux divers, dans l’indifférence générale, pendant des décennies. En mai 2009, Sites & Monuments (SPPEF) a interrogé le préfet du Tarn, la direction de la DDE et l’Architecte des bâtiments de France sur la présence de dépôts dans le périmètre de protection de ce monument classé.
La situation s’est alors améliorée et les tas de graviers ont disparu. Toutefois, un tas de terre, issu du curage des fossés, a été « oublié » sur un terrain privé dans l’axe de lecture du dolmen. Il est couvert d’un taillis et attire les dépôts sauvages de déchets.
Les mauvaises habitudes des services de l’État semblent malheureusement reprendre le dessus. Les abords sont encore utilisés pour le stockage transitoire de matériaux : des bobines de câble, de vieux poteaux électriques en attente d’enlèvement, et plus récemment, en mai 2017, un tas de gravier déposé par la DDT locale. Nuisant également à l’esthétique du site, un panneau de « Bienvenue dans le Tarn » a été implanté à quelques mètres du dolmen alors que la limite départementale est à 3 km. A nouveau, Sites & Monuments attire l’attention sur ces manquements et demande au Président du Conseil Départemental du Tarn de faire respecter par ses services les abords du dolmen de Peyrelevade.
Signalons toutefois une prise de conscience de la valeur du dolmen par la municipalité de Vaour. Un projet municipal de réaménagement du carrefour envisage la suppression du segment de route créé dans les années 60. Les services compétents ont été sollicités pour étudier la faisabilité de la restructuration du réseau routier à ce carrefour. Sites & Monuments veillera à ce que les prochaines interventions, dans cette zone archéologique fragile, soient légères et mesurées afin de ne pas renouveler les erreurs du passé.
Odile Alègre et Jean-François Gaschi, adhérents de Sites & Monuments