La SPPEF, par l’entremise de son délégué, a émis, lors de l’enquête publique, un avis défavorable au projet d’un nouvel incinérateur à Echillais (Charente-Maritime). Elle se trouve confortée dans sa position, qui pourrait être considérée comme « purement esthétique », par l’avis également négatif d’autres associations telles que Pays rochefortais Alert, la Ligue pour la Protection des Oiseaux et par un groupe indépendant d’une centaine de médecins du Pays rochefortais. Tous s’investissent pour des raisons écologiques, économiques et sanitaires.
L’opération « Grand Site » est en cours d’étude avec, si elle se réalise, d’importants avantages touristiques et économiques dans une nature et des paysages préservés. Comment y intégrer un « centre multifilières » de 41 m de haut (47 m avec la cheminée) au lieu de 16 actuellement, de 22.500 m² au lieu de 2.000, et près de 100.000 tonnes de déchets (au lieu de 40.000) ?
Les deux sites "Natura 2000" proches seraient touchés ; les monuments classés (église d’Echillais, pont transbordeur) affectés ; les vents d’ouest dominants conduiraient à une importante pollution à Echillais-Rochefort et sur de grands espaces environnants ; les eaux de la Charente, très polluées, affecteraient gravement le bassin conchylicole de Marennes-Oléron, les eaux de baignade du secteur et le futur parc marin ; la rotation des véhicules transportant les déchets du tiers du département à Echillais entraînerait d’importants rejets de CO2.
Il faudrait avant tout préciser la position de la Communauté d’Agglomération Rochefort Océan (CARO). Elle s’est engagée dans l’opération « Grand Site » mais déclare par ailleurs que « la logique de cette opération n’est pas de stopper tous les projets industriels » (Sud-Ouest du 15 novembre 2014). Celle du Syndicat Inter-communautaire du Littoral (SIL) devrait, elle aussi, être éclaircie. Comment peut-on vouloir construire un hyper-incinérateur polluant et très coûteux et être candidat à l’appel à projets « Territoire zéro gaspillage zéro déchets » lancé par le ministère de l’Ecologie (Sud-Ouest du 30 septembre 2014) ? Il convient de prendre le problème à la source et d’inciter les habitants à réduire leurs déchets (les villes de La Rochelle et de Marennes s’orientent actuellement vers cette politique de tri des déchets à la source). Les expériences dans ce domaine dans d’autres régions et à l’étranger sont concluantes et beaucoup moins coûteuses, l’estimation « actuelle » du projet d’incinérateur à Echillais est de 82,5 millions d’euros, sa remise aux normes ainsi que celle d’Oléron ayant déjà coûté 15 millions d’euros.
Marc Fardet, délégué de la SPPEF pour la Charente-Maritime (1, rue Lesson, 17300 Rochefort)