Rem Koolhaas apporte son soutien, en actes et en paroles, aux défenseurs de l’harmonie urbaine

La fondation d’entreprise des Galeries Lafayette va s’installer dans le quartier du Marais à Paris, rue du Plâtre, en investissant un immeuble daté de 1891, édifié sur les plans de l’architecte Samuel Menjot de Dammartin (1836-1921). Les lieux seront réinterprétés par le fameux architecte néerlandais Rem Koolhaas, professeur à la Harvard School of Design.

9, rue du Plâtre, façade d’un immeuble datant de 1891 conservée par Rem Koolhaas.
Rythme de la façade du 9, rue du Plâtre. Élévation : agence OMA.

Frédéric Edelmann présentait ce projet dans le Monde du 4 juillet 2014 par un article intitulé "Fondation Galeries Lafayette : la voilà !". Le journaliste, faisant allusion à son soutien inconditionnel au projet SANAA pour la Samaritaine, dénigrait comme attendu "ce genre de façade sans âge du tournant du XIXe siècle, adulée à l’excès par les associations de défense du patrimoine". Après avoir curieusement évoqué l’ambiance d’une rue "convertie à tous les cultes de Sodome", il explique, comme à regret, la démarche de l’architecte : "il s’agira de préserver au maximum les éléments du bâtiment original" ! Le journaliste, dont on suppose qu’il questionna le prix Pritzker 2000 sur son absence d’audace, bénéficia de la réponse suivante : "

je suis connu pour avoir écrit "fuck context" un jour malheureux, alors que la question de la préservation est pour moi primordiale

".

Projet de Rem Koolhaas pour la fondation d’entreprise Galerie Lafayette. Cour réinterprétée par l’architecte. Infographie : agence OMA.

On imagine bien la stupéfaction du journaliste du Monde qui, dans un article fleuve rédigé un mois plus tôt ("Intouchable, le patrimoine ?", à lire sur le site de la Samaritaine), avait opposé, avec un certain simplisme, respect du contexte architectural et créativité : l’un des architectes les plus audacieux de notre époque entend réinterpréter une oeuvre du XIXe siècle - qu’il trouve belle - et s’inclure dans le contexte parisien plutôt que de faire table rase. Quel scandale !

Julien Lacaze, vice-président de la SPPEF

Le Monde du 4 juillet 2014, p. 12 :

Rem Koolhaas