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La chapelle Sainte-Anne de Buléon mérite d’autant plus la visite qu’elle est précédée d’un vaste placître entouré d’arbres où une fontaine et une croix forment avec elle un bel ensemble » écrit Joseph Danigo dans un ouvrage intitulé Eglises et chapelles au Royaume de Bignan (Cahier de l’UMIVEM, 1993).
La chapelle est d’ailleurs inscrite à l’inventaire des monuments historiques (voir ici) et abrite une œuvre remarquable : un retable en granit du XVIe siècle, classé par arrêté du 9 février 1942 (voir ici).
La fontaine est également inscrite à l’inventaire des monuments historiques (voir ici). « Imposante, [elle] surgit d’une enceinte dallée et murée. Le bassin carré est couvert par une voûte de pierre soutenue par quatre murs en bel appareil. Trois d’entre eux s’ouvrent en une arcade en plein cintre aux arêtes vives, bordée à la base d’une balustrade… Au-dessus de la mince corniche moulurée, un dôme à quatre pans galbés s’effile pour porter à son sommet une petite croix chanfreinée, dont le support est daté de 1676 » écrit encore Joseph Danigo.
Hélas, aujourd’hui, le site est bien dégradé. Une installation grillagée occupe l’entrée du placître, deux rangées de cyprès et de beaux pommiers ont été abattus, la fontaine est tarie et le lavoir plein d’herbes sèches...
A l’origine de ce dommage, la station d’épuration, dont le projet a été lancé en 2007 sous le mandat d’un maire, également président de l’Association des amis de la chapelle Sainte-Anne, installation mise en service en 2012.
Dès le départ, des riverains ont dénoncé son impact désastreux sur le patrimoine. Ils ont parlé des nappes phréatiques peu profondes à l’endroit retenu et des désordres graves à redouter. Ils n’ont pas été entendus. Aux premiers coups de pelle mécanique, comme ils le redoutaient, l’eau a jailli et formé une mare. Il a fallu pomper pour réaliser le socle de béton. C’est ce qui a tari la source alimentant fontaine et lavoir. Le vice-président, membre fondateur de l’Association des amis de la chapelle créée en 1974, a alors démissionné, mais toute autre contestation a été étouffée.
La SPPEF, récemment alertée par les riverains, vient de solliciter l’intervention de l’architecte des bâtiments de France, de la police de l’eau et du préfet, par lettres recommandées du 6 juillet 2015.
Nous avons demandé que soient mis en œuvre des moyens pour que fontaine et lavoir soient à nouveau alimentés en eau et que le dommage visuel et environnemental causé par la station d’épuration soit réduit et compensé.
Anne-Marie Robic, déléguée de la SPPEF pour le Morbihan