L’illégalité de l’excavation du sol du jardin de La Pagode, classé au titre des monuments historiques et inconstructible au titre du PSMV de Paris (article US. 13.3.2 de son règlement), avait été révélée sur notre site (voir ici).
Un passage sur le site de la démolition, entreprise en plein été, nous a permis de constater la disparition de la clôture du pavillon, pourtant expressément classée au titre des monuments historiques par arrêté du 9 avril 2018.
Or, l’excavation du jardin avait précisément été autorisée en vertu d’une dérogation justifiée par la confortation du pavillon et de son mur d’enceinte ! L’article L. 152-4 du code de l’urbanisme fait en effet prévaloir, dans ce cas, les nécessités de restauration d’un monument historique sur le respect des documents d’urbanisme.
S’appuyant sur cette exception, la maire de Paris constate ainsi, dans un courrier adressé à la DRAC, que "le projet est non conforme" au PSMV, car "les espaces en pleine terre doivent le demeurer", pour ensuite affirmer, sous le visa de l’article L. 152-4, que "le creusement du jardin est nécessaire pour la mise en œuvre des travaux de confortation de La Pagode et des murs de clôture, ensemble classés Monuments Historiques (sic)" (voir ici).
Le ministère de la Culture, saisi via les réseaux sociaux, nous répondait pour la première fois depuis notre inscription en 2013 sur Twitter (voir ici) en invoquant, non une autorisation (comme l’exige le code du patrimoine), mais un "protocole d’intervention" suite à un "risque d’effondrement"...
La DRAC Ile-de-France, saisie par lettre du 20 juillet 2021 (les compétences sont ici déconcentrées), créait, à défaut d’autorisation de travaux, le concept étrange de "dépose" d’un mur classé au titre des monuments historiques. Or, il était évidemment impossible de numéroter chaque pierre de cette clôture, le mur n’étant d’ailleurs composé d’aucun "moellon" (pierre taillée au moins partiellement), contrairement à ce que prétend l’administration.
Le patrimoine naturel et bâti aura ainsi beaucoup perdu dans ce dossier : un jardin en pleine terre (dont on nous rappelle chaque jour l’importance en ville) et une clôture classée au titre des monuments historiques.
Mais comment s’opposer au projet d’extension souterraine du milliardaire Charles S. Cohen, "promoteur immobilier et producteur de films" et "plus grand distributeur américain de films français aux États-Unis" (voir ici) ? Il s’agit de ne pas froisser celui qui a semble-t-il déjà connu quelques difficultés administratives dans la création d’une salle de cinéma dans son château de Chausse, situé dans le golfe de Saint-Tropez (voir ici)...
Consulter notre lettre à la DRAC du 20 juillet 2021
Lire l’article du Parisien
Julien Lacaze, président de Sites & Monuments