On se souvient que l’argument principal du ministère de la Culture pour refuser à Sites & Monuments la consultation des certificats d’exportation des œuvres sur la période 2007-2016 tenait à leur nombre, qui ferait peser une charge de travail disproportionnée sur l’administration (voir ici). C’était évidemment oublier que ces documents administratifs ont été traités sous la forme d’une base de données nommée « Hermès », dont il est aisé de communiquer une extraction...
Mieux, notre association demandait par courriers des 21 novembre 2017 et 16 janvier 2018 (voir ici) la consultation de 3 dossiers d’exportation bien déterminés (comprenant essentiellement le certificat lui-même, mais aussi la demande de certificat et, éventuellement, d’autres documents explicitant la décision ministérielle). Ces dossiers correspondent à des œuvres dont l’exportation est de notoriété publique. L’absence de réponse du ministère faisait naître au bout d’un mois un refus tacite de communiquer les documents correspondants (voir ici). C’est ce refus qui a été jugé illégitime par la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) dans un avis en date du 31 mai 2018, notifié le 11 janvier 2019.
Il est ici patent que le refus du ministère de la Culture est une position de principe, totalement indépendante du nombre des documents dont la consultation est demandée (ici limité à trois)...
Dans son avis, la CADA relève « l’absence de réponse de la ministre de la culture [qui a été dûment invitée à produire ses arguments] à la date de sa séance » et « estime que ces documents administratifs, qui ont perdu tout caractère préparatoire, sont communicables à toute personne qui en fait la demande [...], sous réserve, pour chacun des dossiers considérés, de l’occultation préalable des mentions relatives au propriétaire de l’oeuvre. » Une telle mention (qui ne nous intéresse nullement) n’est a priori susceptible de figurer que dans un seul document du dossier : la demande de certificat (le nom d’un commissaire-priseur ou d’un transporteur apparaît en réalité le plus souvent comme mandataire du propriétaire). Une seule ligne est donc susceptible de devoir être occultée par dossier (3 sont concernés à ce stade).
Le nouveau ministre dispose désormais d’un délai d’un mois à compter de la notification de cet avis pour faire savoir s’il entend s’y conformer (voir ici), ce qui est en principe toujours le cas...
Julien Lacaze, vice-président de Sites & Monuments