Peu connu et isolé, le dolmen du Roc de la Vierge se situe sur la commune de Milhars à proximité d’un haut-lieu touristique, Cordes-sur-Ciel, et de la grotte de Bruniquel qui renferme une construction humaine récemment datée de 176 000 ans. Sa table fendue et ses piliers assez enfoncés rend sa forme difficilement reconnaissable au premier abord. Il a fait l’objet de plusieurs fouilles dans les cent dernières années dont les musées locaux abritent les découvertes.
Ce mégalithe appartient à un ensemble de dolmens du Nord du Tarn (Grezelles, Mas d’Homp, Saladis…) malheureusement non protégés au titre des monuments historiques.
À quelques kilomètres se trouve le dolmen de Vaour dit « Peyrelevade » qui, quant à lui, bénéficie d’une protection. Dans les abords de ce dernier, se trouve un grand parking où les services départementaux des routes ont malheureusement pris l’habitude de stocker des matériaux divers, dans l’indifférence générale (voir ici). En mars 2018, alertée par un adhérent, la SPPEF a envoyé une lettre au président du Conseil départemental pour lui demander de mettre un terme à ces dépôts inesthétiques.
C’est un autre type de péril qui menace le dolmen du Roc de la Vierge : la construction d’éoliennes. Bien que la commune de Milhars et le nord du Tarn soient situés dans une zone identifiée comme « incompatible avec le développement éolien » dans l’annexe relative au schéma éolien du Schéma Régional Climat Air Energie approuvé en juin 2012 et modifié en mars 2016 (synthèse des contraintes et des enjeux - carte 4 de la page 37), un projet d’aérogénérateurs est en cours.
C’est dans ce cadre qu’un mât de mesure d’une hauteur de 80 mètres a été installé à seulement 19 mètres du dolmen du Roc de la Vierge. Ce mât est tombé en mars à proximité du mégalithe dont la protection actuelle est un simple ruban de signalisation !
Si, dans sa chute, le mât ne s’était pas plié en trois mais en deux ou s’il était resté entier, il aurait très bien pu s’abattre sur le mégalithe.
Pour l’heure, Sites & Monuments a fait part au préfet de région de sa préoccupation concernant la destruction du patrimoine archéologique que provoquerait l’installation d’aérogénérateurs au voisinage du dolmen du Roc de la Vierge et plus largement dans le nord du Tarn, qui conserve encore de nombreux vestiges et lui a demandé d’intervenir en faveur d’un éloignement du mât par rapport au dolmen du Roc de la Vierge afin de prévenir toute détérioration.
Une association, « Sauvons le ciel de Cordes », s’est constituée pour conserver son calme et sa beauté à cette région qui compte notamment une zone Natura 2000. Souhaitons avec ses membres que les constructions éoliennes prévues ne voient pas le jour dans ces territoires à forte vocation touristique.
Il est aussi permis d’espérer que les plus intéressants des mégalithes de cette zone pourront bénéficier d’une protection au titre des monuments historiques favorisant ainsi leur conservation, leur mise en valeur et la défense de leurs abords.
François Béchade, secrétaire général adjoint