Les immeubles du numéro 20 au 12 de la rue du Rival sont promis à une démolition prochaine après que la mairie de Foix ait accordé un permis de démolir au bénéfice de l’établissement public foncier. Permis de démolir
Ce faisant, la Mairie a choisi de passer outre l’avis défavorable de l’architecte des bâtiments de France.
En effet, la mairie entend faire réaliser, en lieu et place de ces bâtiments historiques, un projet de construction d’une barre HLM neuve.
Ce projet a été mise en œuvre en plusieurs phases :
Première phase : en novembre 2019 la mairie a décrété un péril imminent sur l’ensemble des bâtiments.
Etonnamment aucune mesure de sécurisation et de protection des tiers n’était prise en parallèle et la rue était laissée ouverte à la circulation.
Cet arrêté de péril a permis cependant « d’évacuer » les habitants de ces immeubles et, vraisemblablement, d’acquérir un foncier à moindre coût.
Deuxième phase : lancement d’une étude de faisabilité commandée à un architecte et un bureau d’étude dont l’objet de la mission est prétendument d’étudier une réhabilitation de ces bâtiments uniques.
Or, à aucun moment l’étude n’étudie de réhabilitation.
Elle se contente d’être un état sanitaire et, paradoxalement, montre des bâtiments n’ayant aucun problème structurel important.
En contradiction avec ces constatations, il est pourtant recommandé une démolition.
S’il y a une évidente nécessité de rénovation de l’habitat dans Foix et notamment dans la rue du Rival, nous pensons que la démolition de ces 4 bâtiments, datant du XVIIe au XIXe siècle et figurant dans une perspective majeure de Foix, s’inscrit dans les erreurs d’un urbanisme d’un autre temps.
Un tel projet ignore que l’une des dernières attractivités de ce territoire repose sur le patrimoine et la qualité de son environnement.
Cette démolition nous paraît une très mauvaise opération tant du point de vue patrimonial, économique, qu’écologique, ou même de la sécurité.
Patrimonialement :
Les immeubles concernés sont mitoyens et dans la même perspective que trois bâtiments majeurs de la ville de Foix : le Château, l’Abbaye, Saint-Volusien.
Il est bon de rappeler que Foix a le label « Grand Site Occitanie » avec des prétentions récentes au label UNESCO, les immeubles concernés sont mitoyens de l’abbaye Saint-Volusien et constituent l’un des panoramas majeurs de la ville.
Le numéro 20 de la rue du Rival mitoyen de l’abbatiale est l’ancien moulin de l’abbaye "dit moulin des fées". Le moulin apparaît sur les représentations de la ville dès 1663 avec son pan de bois à encorbellement.
Les autres bâtiments datent du XVIIIe siècle et, bien que modestes, montrent une architecture ordonnancée qui s’intègre parfaitement avec la façade de la préfecture dans une perspective unique.
L’étude de faisabilité et le permis de démolir n’abordent jamais la valeur patrimoniale de ces bâtiments. L’étude se contente de dire que le nouveau projet cherchera à « remployer » des éléments de valeurs sans jamais les définir, ou parle de reconstruire à "l’identique" ce qui n’a aucun sens d’un point de vue patrimonial.
Techniquement :
La lecture attentive du rapport du Bureau d’Études SETERSO, mandaté par le Mairie, nous permet en effet de nous rendre compte :
– Que les toitures sont principalement neuves ou en bon état (à l’exception de celle du 14 dont le faîtage doit être remanié) ;
– Que les murs très épais et solides ne présentent aucun faux aplomb ni aucune fissuration caractéristique d’immeuble en péril ;
– Que le dénivelé de la rue du Rival par rapport à la rive de l’Ariège est un problème important qui risque d’être même dangereux ;
En effet, au cours des opérations de démolition-construction, la bonne tenue de la rue du Rival et des immeubles riverains nécessitera un étaiement extraordinaire afin d’éviter tout glissement ou effondrement. Toutefois, l’ensemble des précautions et des expertises se révèlent parfois insuffisant comme le montre l’exemple actuel de la Cathédrale de Montauban qui s’effondre à cause de travaux proches. cela devrait conduire les autorités à plus de prudence lors des interventions dans les centres anciens.
Encore moins que les autres, il n’y a de nécessité de démolir le N° 20, ancien moulin de l’abbaye du XVIIe siècle qui ne souffre d’aucun problème structurel majeur et qui demeure l’un des joyaux du patrimoine fuxéen.
Économiquement :
D’abord nous pouvons nous étonner de l’absence de tout bilan comparatif entre un projet en restauration de ces bâtiments et un projet de démolition-construction d’un immeuble neuf.
L’expertise des membres du collectif en la matière permet d’estimer qu’une rénovation même lourde des bâtiments (pour peu qu’elle s’avère nécessaire), reste bien en deçà du coût de réalisation de tout projet démolition-construction. En effet, le budget de ce dernier restera grevé par les surcouts pharaoniques des opérations d’étaiement et de mise en sécurité de la rue du Rival.
De la même façon, l’impact économique sur les commerces à proximité (et donc le surcout induit) reste sans commune mesure.
Le tourisme est un levier important de l’activité de économique de Foix. Les immeubles neufs dénatureront la perspective d’entrée de ville dont les espaces publics font actuellement l’objet d’une importante restauration.
Écologiquement :
– Envoi à la décharge de plus de 3000 tonnes de matériaux dont la majeure partie ne peut être éliminée ;
– Mise en place d’une quantité analogue de matériaux venant de tous les coins du département. On imagine le ballet de camions lourds de chantier sur la rue du Rival et l’impact sur le commerce de centre-ville ;
Nous proposons :
– Une rénovation responsable en conservant les façades et de changer tous les planchers, en utilisant des planchers modernes, très légers dont le poids s’approche de celui des planchers en place et dont les caractéristiques de résistance, d’isolation acoustique, thermique satisfont les normes actuelles ;
– De traiter les murs (pans de bois) par un doublage intérieur avec un mur en chanvre chaux, largement utilisée dans les nombreux centres-villes français qui possèdent un patrimoine à pans de bois ;
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